Notre revue de l’année en conservation

Revue de l’année

Line break

L’année 2023 a débuté avec la promesse du progrès. Le Cadre mondial de la biodiversité venait d’être signé à la COP15 à Montréal, donnant à l’humanité la mission de protéger et de restaurer un tiers de la planète avant la fin de la décennie – un objectif qui freinera et renversera le déclin des espèces tout en aidant à lutter contre les dérèglements climatiques.

A photo of a marshland forest in the sunshine taken from above by a drone
Marais, Ontario © Shutterstock

Un sondage Environics que nous avons publié en janvier dernier révélait que les Canadien.ne.s appuient en grande majorité la réalisation de cette mission car 77 % croient que nous sommes en crise et que nous devons agir au cours des 10 prochaines années pour renverser le déclin des espèces. Et la moitié de la population désire que le gouvernement fédéral fasse de son engagement 30 x 30 de protéger 30 % des terres et des eaux d’ici 2030 sa priorité.

Puis, bien entendu, le reste de l’année a vu le pays et le monde frappés par les répercussions cauchemardesques des dérèglements climatiques – des incendies de forêt, des inondations, des supertempêtes et des vagues de chaleur brisant des records. Une année qui s’est terminée par un échec évité de justesse au sommet sur le climat de la COP28 tenu ce mois-ci à Dubaï, à la suite du retrait de l’expression « abandon des combustibles fossiles. ».

EN LIRE PLUS : Le peuple mène la charge à laCOP28 : le sommet de l’ONU sur le climat montre des progrès

Mais le tollé général des pays concernés – et de personnes comme vous – a exercé une pression suffisante pour que l’accord soit adopté. Alors que le sommet se prolongeait d’une journée, un engagement malgré tout historique d’une « transition vers l’abandon des combustibles fossiles » – la première référence de ce type dans un accord sur le climat – nous a remis.es sur la bonne voie, celle de la régénération de la nature

Mais si nous passons en revue 2023, nous constatons tous les progrès initialement promis. Comme la p.-d. g. du WWF-Canada nous l’a rappelé dans notre Rapport annuel, deux pas en avant et un arrière, c’est tout de même un pas en avant.

Et nous avons fait plein de pas en avant cette année.

Leadership autochtone

Nous avons concentré nos efforts sur la conservation et la restauration menées par des Autochtones parce que c’est la bonne chose à faire pour progresser vers la réconciliation et la meilleure solution pour préserver les réserves de carbone, atteindre une plus grande biodiversité et renverser la perte d’espèces.

Katzie First Nation man pointing at a body of water with mountains in background
Rick Bailey, conseiller de la Nation Katzie, pointe vers le marais Red dans la vallée de l’Upper Pitt, en Colombie-Britanniquey © Joshua Ostroff

Notre travail avec la Secwepemcúl’ecw Restoration and Stewardship Society dans le centre de la Colombie-Britannique, par exemple, a résulté en 250 000 arbres plantés cette année, avec l’objectif d’augmenter vers un demi-million l’an prochain et 10 millions par année d’ici 2030. Nos efforts de restauration de l’habitat du saumon en soutien à la Première Nation Katzie dans le bassin versant de l’Upper Pitt, en Colombie-Britannique, ont connu encore plus de succès.

Les annonces gouvernementales se sont succédées concernant les initiatives d’aires protégées et de conservation autochtones, dont un historique Accord-cadre tripartite sur la conservation de la nature pour un prochain réseau d’aires marines protégées dans la zone marine du Grand Ours. (Plusieurs nations n’attendent pas, déclarant plutôt leur propre APCA pour assurer l’intendance de leur territoire traditionnel.)

En Arctique, nous avons pu voir un progrès constant vers la création de l’aire protégée et de conservation inuite Aqviqtuuq qui fait près de 90 000 km2, avec des Gardien.ne.s qui surveillent maintenant le territoire de terre et d’eau. Puis, des membres de la Taloyoak Umarulirijigut Association ont rencontré des ministres fédéraux (notamment à des évènements du WWF-Canada) et une étude de cas sur Aqviqtuuq a été publiée dans le rapport que nous avions commandé à l’Institut pour l’IntelliProspérité sur l’économie de la conservation bleue au Nunavut. Nous avons aussi soutenu des échanges de partage de connaissances entre des communautés de la région Kitikmeot, ainsi qu’une autre saison de projets de recherche du Fonds pour la conservation des espèces de l’Arctique, incluant une expédition d’un mois de recherche sur les effets des dérèglements climatiques sur les narvals et les bélugas.

Science et technologie

Notre travail au WWF-Canada est nourri par la science et, en 2023, nous avons publié des études importantes qui fournissent une base fondamentale à la conservation sur le terrain.

Notre analyse du Rétablissement des habitats disparus au Canada qui a établi le constat que 50 millions d’hectares de terres non urbaines au pays ont été « converties » pour des usages humains comme des routes, des infrastructures énergétiques, et, en premier lieu, des terres agricoles, a localisé 3,9 millions d’hectares – surtout dans le sud de l’Ontario, le sud du Québec et le sud du Manitoba – qui ont le plus grand potentiel d’offrir un maximum de stockage du carbone et de création d’habitats pour les espèces s’ils sont restaurés à leur état naturel.

A group photo of Nature x Carbon tech challenge award recipients and WWF-Canada staff
(De g. à d.) Le vice-président Science, savoir et innovation du WWF-Canada, James Snider, les lauréat.e.s du Défi techno nature x carbone Omid Reisi Gahrouei et Ny Tolotr Razafimbelo du Digital Forest Lab de l’Université Laval, Agata Rudd de Korotu Technology, Garrett Whitworth d’Innovatree, Sean Rudd (Korotu) et Darcy LeBourdais (Innovatree), avec Megan Leslie, présidente-directrice générale du WWF-Canada) © Matt Stewart / WWF-Canada

D’autres publications vont d’un rapport en collaboration sur les écosystèmes de carbone bleu côtier à une étude projetant que le trafic maritime du GNL dans la zone marine du Grand Ours causerait des pertes non durables aux populations de rorquals communs et de baleines à bosse en raison des collisions avec les navires. Cette dernière étude revue par des pairs démontre qu’il faut des mesures d’atténuation d’impact avant qu’il ne soit trop tard.

Nous avons aussi conclu notre Défi techno nature x carbone avec la remise de 300 000 $ à trois récipiendaires pour leur technologie peu couteuse, innovante et accessible de mesure du carbone, lesquelles seront maintenant mises en œuvre sur le terrain avec des partenaires communautaires comme la SRSS.

Nous avons continué à utiliser l’IA, la télémétrie satellite, l’ADNe, l’apprentissage automatique, le LiDAR et d’autres technologies de pointe pour mieux protéger les caribous, les ours polaires et d’autres espèces en péril.

Le succès de l’eau

Il y a eu pas mal de mouvement au sujet de la conservation de l’océan en 2023, en commençant en février avec le sommet international sur l’océan IMPAC5 à Vancouver, où du progrès a été annoncé au sujet de plusieurs aires marines protégées et de conservation menées par des Premières Nations. Les autorités fédérales se sont finalement engagées envers des normes de protection minimales des aires marines protégées (AMP) (on dirait bien que les 23 000 lettres « Pas de rejets » que vous avez envoyées ont fonctionné!), qui restreignent les rejets issus des navires et interdisent le chalutage de fond et les activités minières, pétrolières et gazières dans les AMP. De plus, elles ont interdit de fait les activités minières sur le fond océanique et plaidé en faveur de la protection des monts sous-marins.

Humpback whales (Megaptera novaeangliae) feeding in the coastal waters near Prince Rupert, British Columbia, Canada. © WWF-Canada / Chad Graham
Des baleines à bosse près de Prince Rupert, C.-B. © WWF-Canada / Chad Graham

Nous avons aussi réussi à ce que Chevron Canada et Exxon Mobil abandonnent volontairement 20 permis inactifs d’exploration pétrolière et gazière grâce à nos poursuites en justice en collaboration avec la Fondation David Suzuki. Il y a aussi eu un tout premier Traité des Nations unies sur la haute mer qui créera des AMP dans des eaux internationales auparavant sans législation aucune.

Et nous n’avons pas oublié l’eau douce! Le gouvernement a investi dans la création d’un Agence canadienne de l’eau pour s’occuper de nos exigences de protection et de restauration grandement nécessaires. Puis, durant la COP28, il s’est joint à plus de 30 autres pays pour participer au Défi de l’eau douce, la plus grande initiative du monde visant à restaurer des rivières, des lacs et des milieux humides dégradés et à protéger les essentiels écosystèmes d’eau douce.

Triomphes terrestres

Notre Programme de subvention nature et climat, doté de plusieurs millions de dollars, présenté en partenariat avec Aviva Canada, a continué de financer directement une demi-douzaine de projets de restauration à travers le pays. La Comox Valley Project Watershed Society, la Première Nation K’o´moks et la ville de Courtenay travaillent à déminéraliser l’ancien site d’un moulin à scie sur l’ile de Vancouver. Le Kennebecasis Watershed Restoration Committee à Sussex, au Nouveau-Brunswick, a planté 12 000 arbustes pour stabiliser des rives dégradées, réduire les inondations et augmenter la séquestration du carbone. La Nottawasaga Valley Conservation Authority a travaillé avec des propriétaires foncier.ère.s à la restauration d’habitat dans des milieux humides des forêts et des prairies indigènes de l’Ontario rural.

Male farmer stands smiling on a sunny day in a field with cows behind him and a tree line in the distance.
Le P.-D. G. d’ALUS et fermier Bryan Gilvesy debout dans son champ. © ALUS

Friends of the Rouge Watershed ont travaillé à protéger, restaurer et régénérer des habitats forestiers, aquatiques et de milieux humides à l’est de Toronto, en Ontario. La Redd Fish Restoration Society a travaillé avec les Premières Nations locales à la restauration de pentes montagneuses entourant Tofino, en Colombie-Britannique, car elles avaient été dépouillées de leurs arbres et arbustes par la coupe à blanc, ce qui avait entrainé des glissements de terrain dommageables.

Et ALUS a semé le changement en Ontario et au Québec en travaillant avec des agriculteur.rice.s à six différents sites pour créer des fermes « multifonctionnelles » qui offrent aussi un habitat et des écosystèmes à travers des actions comme la reforestation des lisières entre les champs avec des arbres indigènes et la réintroduction de prairies d’herbes hautes et de milieux humides ouverts sur l’eau libre. Ces personnes ont aussi ajusté leurs pratiques agricoles afin de protéger les espèces et améliorer la séquestration du carbone dans le sol.

Communauté

Nos sympathisant.e.s se sont vraiment manifesté.e.s en 2023, en s’inscrivant à re:cultiver, notre nouveau programme national de plantation d’espèces indigènes. Il.elle.s ont aussi mis en terre des plants d’espèces indigènes identifiés Votre zone, aidant par ce fait à créer à la maison des habitats pour les espèces. Notre programme Planète vivante @ campus a célébré son 100e Leader pour une planète vivante et nous avons pu financer 45 projets étudiants de restauration à travers notre programme de subvention Libérez votre nature de Planète vivante @ l’école.

Vous vous êtes vraiment surpassé.e.s en matière de dons, en revenant pour notre première Ascension de la Tour CN pour la Nature et en amassant la somme incroyable de 1,36 million de dollars pour la conservation. Et notre partenariat avec ECHOage a atteint un million de dollars amassés durant 7000 fêtes d’anniversaire et autres occasions spéciales afin de, selon Lachlan, 8 ans : « aider à combattre les changements climatiques et sauver les animaux. »

Merci de tout cœur – et nous vous promettons de continuer à lutter pour notre planète en 2024.

Young boy holding stuffed animals, laughing
Lachlan avec ses animaux en peluche  © ECHOaget