Ne doit-on pas prendre soin de ce qui nous est précieux?

Par Hussein Alidina

Certains des plus beaux trésors s de ce pays se trouvent dans des aires protégées sur terre, dans les cours d’eau, dans la mer. La désignation de ces aires protégées est le fruit du travail acharné de nombreuses personnes – communautés autochtones, collectivités locales, entreprises et divers paliers gouvernementaux. D’une mer à l’autre, et à une autre encore : Gwaii Haanas, les parcs Tombstone et Nahanni, les monts Torngat,  le lac Supérieur, le Gully ne sont que quelques exemples d’une liste trop longue à énumérer ici. Le WWF célèbre toujours avec plaisir la désignation de zones protégées, car il faut en mettre du temps et de l’énergie pour les créer, le processus est long, et requiert une collaboration sans faille. Mais ces zones protégées sont au cœur d’une réelle protection et de la sauvegarde des sites, de la faune, de la culture et des communautés d’une région, ainsi que des phénomènes écologiques qui les caractérisent. Les zones protégées sont désignées pour que nous et les générations qui nous suivront puissions tous profiter de leur beauté et de leur vigueur. Or la désignation de zone protégée n’est qu’un début, car encore faut-il en prendre soin correctement par la suite, ce qui est une toute autre entreprise.


Diverses variétés de sébaste nageant au sommet du mont sous-marin Bowie  © Neil McDaniel, WWF-Canada
En avril 2008, le  Mont sous-marin Bowie (Sgaan Kinghlas) – l’un des milieux sous-marins de plus faible profondeur et le plus productif dans le nord du Pacifique et un joyau écologique situé à 180 km au large des îles  Haida Gwaii – est devenu la  7e zone de protection marine (ZMP) du Canada. Ce mont de mer d’une très riche biodiversité est unique parmi les zones au large des côtes : il s’élève depuis le fond de la mer jusqu’à 24 mètres à peine de la surface de l’eau. Sa grande productivité et sa faible profondeur en font une véritable oasis marine et un milieu de vie extraordinaire pour de nombreuses espèces, notamment certaines espèces visées par la Loi sur les espèces en péril (LEP) telles que le guillemot à cou blanc, l’otarie de Steller, l’épaulard du large et le bocaccio.


Au moment de désigner le mont sous-marin Bowie comme zone protégée, le gouvernement du Canada s’était engagé à mettre en place un plan de gestion de la zone dans les deux ans. Ce plan devait veiller à ce que les activités restreintes autorisées dans certaines parties du mont sous-marin Bowie ne compromettent pas la protection et la conservation de cet écosystème hors du commun. La ZPM a été structurée de manière à comprendre plusieurs aires de protection et d’utilisation, et permettre – de manière restreinte toutefois – la pêche, la recherche scientifique, et le transport maritime et de plaisance. Un plan de gestion doit servir à stipuler comment les activités devront être gérées, quelles nouvelles mesures seront instaurées, quelle forme prendra la surveillance et la mise en application des modalités du plan, et enfin, quel type de recherche pourra être entrepris pour assurer une supervision adéquate de la santé écologique de la zone et des effets des activités qui y sont autorisées. Autrement dit, le plan de gestion est un outil essentiel à la protection à long terme d’une zone protégée, et représente une mesure de protection supplémentaire une fois la zone protégée établie.
Or, en ce quatrième anniversaire de la désignation du mont sous-marin Bowie comme zone protégée, le WWF constate avec tristesse qu’aucun plan de gestion n’a été mis en place dans cette zone fabuleuse. L’absence d’un tel plan met ce joyau écologique en péril et en ce qui touche à sa protection à long terme, cela n’augure rien de bon. Aussi le WWF a-t-il soumis une pétition officielle au commissaire à l’environnement du Canada pour que le ministère des Pêches et Océans soit tenu de rendre compte de ce délai et d’expliquer quelles mesures seront entreprises pour corriger cette situation.
 

© Neil McDaniel / WWF-Canada
L’instauration d’un plan de gestion est essentielle à l’avenir du mont sous-marin Bowie et de toutes les espèces qui y vivent. Nous avons la chance d’avoir chez nous des zones marines d’une incroyable richesse. Veillons à prendre soin de tels trésors en mettant en place les structures qui en permettront une saine gestion afin d’assurer leur avenir. Ne doit-on pas prendre soin de ce qui nous est précieux?
Cliquez ici pour lire le texte intégral de la pétition. (en anglais)