Migrations d’automne et rencontre de l’Office national de l’énergie à Inuvik
Dan Slavik et Rob Powell
La table ronde de l’ONE a été créée à la suite de l’accident survenu en 2010 à la plateforme Deepwater Horizon de la BP et du déversement sans précédent de pétrole dans le golfe du Mexique. Depuis lors, il semble que les déversements soient pas mal plus courants que l’on a tendance à penser – en Alberta, au Michigan, dans la mer du Nord, et dans les TNO pour ne nommer que ceux-là.
Les participants à la table ronde voulaient obtenir réponse à deux grandes questions:
- Quelles sont la nature et l’ampleur des risques que posera l’exploitation pétrolière sous-marine à l’environnement de l’Arctique?
- Ces risques peuvent-ils être gérés de manière à assurer qu’une éruption de taille ne se produise jamais dans cette région?
Nous avons cherché, avec nos collègues et conseillers de Ecojustice, à répondre à ces questions, car nous avions eu l’annonce de la table ronde au début de 2010 (si le sujet vous intéresse, allez consulter les mémoires que nous avons soumis à l’ONE en novembre, avril et septembre). Nous avons participé à la table ronde pour partager les connaissances que nous avons acquises, et pour entendre un large éventail d’intervenants.
Will Amos (EcoJustice), Dan Slavik (WWF-Inuvik) et Rob Powell (WWF-St.Albert, au bord du lac Campbell, TNO. © Dan Slavik
Nous avons eu l’immense chance de pouvoir entendre ce qu’avaient à nous dire les gens qui vivent le long des côtes de l’océan Arctique, et ce furent en fait les meilleurs moments de la rencontre. Les habitants de cet immense territoire nous ont dit, en termes simples mais éloquents, combien ils apprécient de vivre dans le Nord, de faire partie du Nord. Des étudiants de niveau secondaire aux chefs des communautés en passant par les aînés, tous nous ont expliqué simplement mais clairement, et avec passion, que la question de la protection de leur océan et des animaux qui vivent dans le Nord ne se pose même pas, il s’agit d’une évidence et d’un impératif culturel. Pour eux, la mer est source de nourriture, elle est leur moyen de survie et elle est au cœur de leur identité culturelle. Voici comment Frank Pokiak, président du Conseil Inuvialuit de gestion du gibier, a résumé la chose : « Pas de mer de Beaufort, pas d’Inuvialuit. »
Les gens nous ont également parlé du besoin urgent d’assurer le développement économique du Nord, et de leur volonté d’y participer. Ils veulent que leurs enfants accèdent aux moyens d’assurer l’épanouissement de leurs communautés. En fait, ils veulent simplement la même chose que nous voulons tous, un avenir durable. Voilà un autre message d’importance, que nous entendons et respectons au WWF. Le document Circumpolar Inuit Declaration on Resource Development Principles in Inuit Nunaat stipule que « ce n’est que dans un environnement sain et une économie saine que les communautés et les familles s’épanouiront en santé. » Et voilà!
La neige sera bientôt là et le grand gel annuel commencera à s’installer – bien plus tard que dans le passé, cependant. Les « experts » et les « industriels » sont repartis au Sud, tandis que les Inuit et Inuvialuit reprendront leur vie dans le Nord, à la recherche de l’équilibre entre le besoin de développement économique et le maintien de leur mode de vie et de leur culture dans un paysage en pleine transformation. Le WWF a entendu le message de ces communautés, et nous souhaitons poursuivre, « dans le Sud » ainsi que dans notre nouveau bureau en Arctique, notre travail auprès des communautés nordiques pour dessiner avec elles un avenir qui saura conjuguer l’importance d’un environnement sain à celle d’une culture vigoureuse et un développement économique réalisé dans une perspective durable.