Le WWF présente son mémoire à la Commission sur les enjeux énergétiques du Québec
C’est avec plaisir que je présente aujourd’hui notre mémoire à la Commission sur les enjeux énergétiques du Québec. Je suis heureuse que le WWF ait l’occasion de participer à l’important exercice de consultation proposé par le gouvernement du Québec. Nous le savons, notre prospérité économique repose en grande partie sur l’énergie, mais celle-ci a donné naissance au fil du temps à la plus grande menace à notre planète, le réchauffement climatique. Aussi, les décisions que nous prenons aujourd’hui forgeront non seulement notre avenir économique, mais elles auront une incidence directe sur la santé de nos enfants et celle de leurs enfants et des futures générations.
Le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) n’émet aucun doute sur l’alternative à laquelle nous sommes aujourd’hui confrontés : soit nous agissons dès maintenant pour sabrer les émissions mondiales de GES, soit nous devrons faire face aux impacts sans précédent des dérèglements climatiques. Ce n’est pas un message défaitiste. Nous préférons y voir un urgent appel à l’action.
Or nous connaissons les solutions et nous savons comment les mettre en œuvre. Plusieurs juridictions de par le monde nous donnent des exemples positifs sur lesquels nous pouvons bâtir un avenir énergétique renouvelable, faible en carbone et prospère.
Centrale solaire, Désert de Mojave, Etats-Unis
Plus grande installation d’énergie solaire du monde, nommé solaire 2, qui produit 10 mégawatts d’électricité. Les 1’926 héliostats fournissent 81’400 mètres carrés de capture soleil surface.
© Kevin Schafer / WWF-Canon
Nous espérons que cette consultation sera l’occasion pour le gouvernement du Québec de prévoir une stratégie à long terme permettant le développement d’une économie basée sur les énergies renouvelables.
Voici quelques-unes des recommandations que nous soumettons à la Commission sur les enjeux énergétiques du Québec :
• Les projets d’extraction de pétrole ou de gaz ne sont pas compatibles avec les objectifs ambitieux de réduction des émissions du Québec. L’État québécois doit faire la démonstration que ces projets ne contreviennent pas aux objectifs de réduction des émissions de GES du Québec à défaut de quoi, il devrait opter pour le développement d’un avenir énergétique durable.
• La demande d’énergie pourra être réduite par une plus grande efficacité énergétique et un recul de l’utilisation excessive de l’énergie. Pour ce faire, les moyens suivants pourront être mis en œuvre :
o Application de normes minimales d’efficacité à tous les produits consommant de l’énergie
o Intégration du principe d’économie d’énergie à chaque étape de la conception de produits
o Imposition de nouveaux critères rigoureux d’efficacité énergétique pour tous les nouveaux bâtiments, dans l’optique d’une consommation d’énergie minimale
o Transfert des taxes sur les produits et voitures énergivores afin d’orienter la demande vers les produits plus écoénergétiques
o Investissements dans le transport collectif afin d’offrir une solution de rechange pratique et abordable au véhicule particulier
o Sensibilisation des citoyens, entreprises et collectivités à leur consommation d’énergie et aux divers moyens de la réduire
• Une accélération des efforts afin d’atteindre l’objectif de 2020 pour les véhicules électriques (25 % des ventes de véhicules neufs) par les moyens suivants :
o Mise à jour des codes du bâtiment afin que tous les immeubles soient équipés de matériel de recharge de véhicules électriques
o Poursuite des programmes incitatifs à l’achat de VÉ et d’installation résidentielle de matériel de recharge de véhicule électrique
o Soutien aux municipalités et propriétaires d’immeubles afin que les immeubles existants soient réaménagés afin d’accueillir le matériel de recharge de véhicules électriques
o Adoption de règlements inspirés du CARB en Californie afin que chaque manufacturier offre au moins un modèle de véhicule à zéro émission au Québec
• Le déploiement de l’hydroélectricité et autres sources d’énergies renouvelables conformément aux normes environnementales mondiales les plus élevées, et de manière compatible avec d’autres objectifs de conservation.
• Investissement dans l’élaboration et le déploiement de réseaux électriques et de régimes énergétiques « intelligents » afin d’optimiser les possibilités d’économie d’énergie, le déploiement des VÉ et l’intégration des énergies renouvelables.
• Optimisation du potentiel d’intégration des énergies renouvelables au Québec, et développement de son leadership à des énergies renouvelables autres que l’hydroélectricité.
• Promotion de l’imposition d’un prix sur les émissions de carbone et d’ambitieux objectifs de réduction des GES à travers l’Amérique du Nord, soutien aux propositions et possibilités de remplacement du charbon et autres combustibles fossiles au moyen de l’exportation d’électricité de source renouvelable et durable.
• Élaboration et mise en œuvre d’une stratégie détaillée d’adaptation de la société – plutôt qu’une acceptation résignée – aux bouleversements climatiques actuels et futurs. Cette stratégie se penchera plus particulièrement sur les vulnérabilités, les impacts prévus et le développement de la résilience en vue de conserver le mieux possible les infrastructures et ressources naturelles du Québec, notamment l’eau.
Vous pouvez aussi lire l’intégralité de ce rapport que nous soumettons aujourd’hui.