Le parc Hyla, lieu d’espoir pour les grenouilles
par Jessica Bradford, coordonnatrice des communications à la Fondation pour la protection des sites naturels du Nouveau-Brunswick
Pour tout passionné de conservation de la nature et de ses innombrables habitants, il y a des jours où il est assez difficile d’être optimiste. De fait, on se fait continuellement bombarder de nouvelles sur le déclin de la biodiversité à l’échelle de la planète, et cette triste perspective touche particulièrement les grenouilles, crapauds et autres amphibiens. Cela est si malheureusement vrai que selon Edward O. Wilson – biologiste de notoriété mondiale –, les chercheurs en sont arrivés à nommer le « phénomène de déclin des populations d’amphibiens » à l’échelle mondiale.
Je sais, j’ai l’air comme ça de me préparer à vous raconter une histoire triste, mais je veux au contraire vous faire part aujourd’hui d’une réussite. En effet, je veux vous présenter la réserve naturelle du parc Hyla – le tout premier parc pour amphibiens du Canada – un parc de 8 hectares situé dans les limites de la ville de Fredericton, au Nouveau-Brunswick, et à proximité du majestueux fleuve Saint-Jean.
Le nom du parc lui-même est issu de la raison première de la création de cet espace de protection, soit la préservation de la rainette versicolore, Hyla versicolor en latin. Cette petite grenouille se camoufle en changeant de couleur – sa palette va du gris au vert. En 1995, lorsque cette zone a été initialement protégée dans le cadre d’un contrat de location entre la Fondation pour la protection des sites naturels du Nouveau-Brunswick et la ville de Fredericton, le parc Hyla abritait la seule population connue de la rainette dans toutes les Maritimes, et marquait la frontière nord-est de son aire de répartition en Amérique du Nord.
Depuis qu’il a obtenu son statut de zone protégé, le parc Hyla s’est également vu mériter le statut – et les droits qui l’accompagnent – de premier sanctuaire pour amphibiens au Canada, et l’on comprend vite pourquoi : le parc abrite également six autres espèces de grenouilles et crapauds – la grenouille léopard (Lithobates pipiens), la grenouille des bois (Lithobates sylvaticus), la rainette crucifère (Pseudacris crucifer), la grenouille verte (Lithobates clamitans), le ouaouaron (Lithobates catesbeianus), et le crapaud d’Amérique (Anaxyrus americanus).
Autrement dit, 7 des 9 espèces de grenouilles au Nouveau-Brunswick vivent dans la réserve naturelle du parc, zone de milieux humides et de boisés, sans parler des nombreux tritons et salamandres. Je suis toujours ébahie de constater l’effervescence de vie dans un territoire si restreint – en zone urbaine, qui plus est. Et je suis évidemment ravie qu’on ait décidé d’en assurer la protection pour les générations futures. La chose est d’autant plus extraordinaire quand on sait que ce qui est aujourd’hui ce fabuleux parc a d’abord été une carrière, puis une décharge, on y a ensuite construit une piste de course pour stock-car, et enfin, l’endroit est devenu un lieu phare pour la biodiversité… et symbole d’espoir.
Sylvia Earle, biologiste de renom qui a créé le concept des hope spots, ou lieux d’espoir, avait en tête de créer un réseau de zones marines protégées essentielles à la santé, voire la survie, de nos océans. Pour moi, le parc Hyla est un véritable lieu d’espoir pour les grenouilles et tous les écosystèmes d’eau douce dans notre province.
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