Le béluga du Saint-Laurent est notre Panda géant. Il mérite notre protection
Malgré la désignation du béluga comme espèce « menacée » en vertu de la Loi sur les espèces en péril du Canada, l’entreprise TransCanada projette de construire un important port pétrolier à Cacouna, près de Rivière-du-Loup, au cœur de l’habitat essentiel du béluga. Ce port servirait à expédier d’énormes volumes de pétrole brut provenant des sables bitumineux de l’Alberta – jusqu’à 1,1 million de barils à la fois — vers de lucratifs marchés internationaux.
Déjà, la compagnie a procédé à des levées sismiques dans le secteur, afin de déterminer la nature des fonds marins. Elle prévoit également procéder rapidement à d’importants travaux de forage, en plein été, alors que les femelles bélugas y convergent pour se nourrir et y mettre bas.
Pour une majorité de Québécois et de Canadiens, cela est totalement inacceptable. Ça l’est aussi pour le Fonds mondial pour la nature (WWF).
Le béluga de l’estuaire du Saint-Laurent est la population de bélugas la plus étudiée dans le monde. Les nombreuses études menées sur cette population par des scientifiques acharnés et la participation financière d’organismes comme le WWF depuis trois décennies ont permis d’inscrire un important programme de rétablissement du béluga au registre public de la Loi sur les espèces en péril. Or, ce programme désigne clairement le secteur de Cacouna-Rivière-du-Loup, la « pouponnière » du béluga, comme faisant partie de son habitat essentiel dans l’estuaire du Saint-Laurent.
Le WWF-Canada adhère entièrement à l’objectif global de la Loi sur les espèces en péril du Canada, y compris ce programme de rétablissement qui vise la protection et le rétablissement d’espèces menacées par une saine gestion de l’ensemble des activités humaines qui posent une menace pour les espèces. Ce sont ces activités qui les ont d’ailleurs menées à l’état leur méritant aujourd’hui le statut d’espèces en péril. Le programme de rétablissement inscrit au registre public de la Loi sur les espèces en péril a délimité un habitat essentiel au béluga de l’estuaire, en se fondant sur les données recueillies au cours des nombreuses années de recherches et de suivi des populations.
Le projet de port pétrolier de Cacouna et toutes les activités qui en découleront – forage exploratoire et sondages sismiques, notamment – posent d’immenses risques et menacent le rétablissement de cette population, particulièrement dans les environs immédiats de son habitat essentiel au large de Cacouna et Rivière-du-Loup.
Nous appuyons notre position sur une abondante documentation et des données scientifiques pertinentes, ainsi que sur la preuve établie de l’impact du bruit sous-marin sur les mammifères marins qui y sont sensibles, ainsi que sur l’ensemble des êtres vivants en milieu marin. Il ressort clairement des données disponibles et de l’opinion des experts que l’activité humaine – qu’il s’agisse de battage de pieux, de forage ou de toute autre activité bruyante – menée dans ces zones marines extrêmement importantes à cette période de l’année pour une population de bélugas menacée, constituerait un obstacle sans précédent au rétablissement de l’espèce. De fait, ce type d’activités est reconnu pour éloigner les animaux de leurs zones de prédilection – or ces zones sont synonymes de nourriture, de lieu de repos, de pouponnière, autant d’activités essentielles à la survie de l’espèce.
Ainsi, nous sommes extrêmement inquiets de ce projet et jugeons qu’une telle activité industrielle dans un habitat essentiel des bélugas à une période particulièrement sensible de l’année serait contraire aux objectifs énoncés du programme de rétablissement conforme à la Loi sur les espèces en péril du Canada, de même qu’à de nombreux engagements des gouvernements fédéral et provincial à l’égard de la protection de la biodiversité.