Au-delà des cibles : Pleins feux sur l’aire protégée et de conservation autochtone Aqviqtuuq

Le rapport Au-delà des cibles du WWF-Canada propose un nouveau modèle pour l’établissement d’aires protégées et de conservation (APCA) au pays – un modèle qui priorise l’avancement des aires protégées et de conservation autochtones et les droits et titres autochtones, ainsi que les régions qui soutiennent des solutions basées sur la nature pour la biodiversité et le climat.

On y donne en exemple quatre APCA, dont Taloyoak, la communauté la plus septentrionale du Canada continental, qui travaille à établir une aire protégée et de conservation autochtone dans leur territoire traditionnel d’Aqviqtuuq.

Aqviqtuuq © ArctiConnection

Telle que délimitée par la communauté, l’APCA proposée couvrirait presque 90 000 km2 d’écosystèmes nunavois, contribuant ainsi à protéger les caribous, les ours polaires, les bœufs musqués et les baleines arctiques. La région est actuellement exposée à la menace du développement industriel, aux risques de la navigation internationale et de l’industrie minière, alors que la communauté dépend des ressources de la région, en particulier pour sa sécurité alimentaire et sa prospérité économique.

Il en a résulté que les résident.e.s de Taloyoak ont proposé un plan (Niqihaqut, qui signifie « notre nourriture ») ayant gagné un prix pour la gestion d’Aqviqtuuq. À travers le développement d’une économie basée sur la conservation et l’alimentation, l’APCA peut aider à conserver l’abondance de la nature et soutenir un accès durable à la nourriture et autres ressources pour les communautés nordiques. Il y a plus de 554 millions de tonnes de carbone emmagasiné au sein des écosystèmes terrestres et d’eau douce d’Aqviqtuuq, et la région est nationalement importante pour la connectivité et la résilience climatique.

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Ci-dessous, Jimmy Ullikatalik, Gestionnaire de Spence Bay HTA à Taloyoak, Nt, nous fait part de sa perspective sur cette importante région. Tel que communiqué à Joshua Ostroff.

« Taloyoak est la communauté la plus au nord du Canada continental, et la plus amicale du Nunavut. À partir d’ici, sur la côte sud-ouest d’Aqviqtuuq, il n’y a que des îles. Par conséquent, toutes les espèces doivent passer par Taloyoak pour leur migration, qu’elle soit terrestre ou marine. Dès que le temps commence à se réchauffer, nous sortons pêcher et chasser.

Jimmy Ullikatalik © Brandon Laforest

Au cours des 50 dernières années, nous sommes passé.e.s des attelages de chiens à l’utilisation de iPhones. C’est un grand changement. Mais l’environnement change, lui aussi, et cela affecte notre sécurité alimentaire parce que la nourriture du territoire est menacée par les dérèglements climatiques et l’exploration minière.

La crise climatique amincit aussi la banquise du Passage du Nord-Ouest situé tout près, ce qui ouvrira bientôt de nouvelles routes maritimes internationales dans les habitats de nos espèces marines, en plus d’augmenter le risque de déversement d’hydrocarbures.

Depuis l’époque de mon grand-père, où il a été question de construire un pipeline à travers Aqviqtuuq, nous luttons pour garder la région sécuritaire. Nous travaillons donc à la création de l’aire protégée et de conservation inuite (APCI) d’Aqviqtuuq, qui couvrirait 40 730 km2 d’océan, 4413 km2 d’eau douce, 20 532 km de rivières et 45 039 km2 de terres.

Une aire protégée et de conservation inuite n’est pas une aire protégée ordinaire, car les peuples autochtones en ont la responsabilité, afin de s’assurer de notre sécurité alimentaire par une récolte durable et un développement économique incluant, par exemple, des pêches communautaires à petite échelle, des pourvoiries et du tourisme.

Aqviqtuuq, c’est chez nous, c’est notre territoire traditionnel. Il nous a fourni ce dont nous avons besoin pour survivre et nous épanouir depuis des générations. Nous voulons protéger ce territoire et ses ressources du développement industriel parce que cette région est sacrée pour nous, elle dispose de tout ce qui nous est nécessaire pour prospérer.

Une mine crée des emplois durant 20 ans. Mais la toute première aire protégée et de conservation inuite au pays générera des emplois à perpétuité, de génération en génération, tout en protégeant le territoire. »