Ouf, 2020 est finie! Carnets de terrain fait sa rétrospective
Réaliser une revue de fin d’année pour une année si particulière n’est pas une tâche facile! Comme pour vous, notre travail a été affecté par la COVID-19 : nos scientifiques ont dû changer complètement leur approche du travail sur le terrain, et il est devenu impossible d’aller à la rencontre de nos sympathisant.e.s en personne. Mais il y avait encore bien des efforts de conservation à accomplir et dans ce dernier numéro de Carnets de terrain de l’année 2020, nous jetons un coup d’œil à ce que nous avons réalisé ensemble en cette année difficile.
Rapport planète vivante Canada 2020
Le Rapport Planète vivante Canada (RPVC) 2020, publication phare du WWF-Canada, révèle que les efforts actuels de protection et de rétablissement des espèces vulnérables ne sont pas suffisants.
Le Canada ne compte pas seulement des espèces en voie de disparition ici, au pays, mais on retrouve aussi chez nous des espèces qui pourraient disparaître de la planète. Le RPVC 2020 constate que des populations d’espèces canadiennes évaluées en péril ont chuté de 59 % en moyenne depuis 1970, alors que des espèces évaluées en péril au niveau planétaire ont vu leurs populations canadiennes diminuer de 42 % en moyenne.
Toutefois, notre rapport identifie aussi les moyens à prendre pour inverser cette trajectoire, notamment la conservation menée par les Autochtones et les solutions climatiques basées sur la nature.
Gestion des menaces prioritaires
Le Nouveau-Brunswick pourrait empêcher la disparition de 40 espèces en péril pour seulement 33 $ par personne par année! Ce constat est tiré de notre nouveau rapport basé sur la gestion des menaces prioritaires, une collaboration avec l’Université de la Colombie-Britannique, qui pour la toute première fois, identifie et établit un coût pour des solutions de rétablissement des espèces dans le bassin versant du fleuve Wolastoq/Saint-Jean.
Toutes les espèces en péril considérées dans l’étude, dont la tortue des bois, l’hirondelle des rivages, le saumon de l’Atlantique et l’esturgeon à museau court, vont probablement disparaître de la région au cours des 25 prochaines années si rien n’est fait. Cependant, notre étude établit que le rétablissement de la plupart de ces espèces est non seulement possible, il est aussi accessible financièrement.
« En moins de deux ans, nous sommes passé.e.s d’un dialogue sur les menaces visant des espèces individuelles à la mise en œuvre de projets de rétablissement pour de multiples espèces, » dit Simon Mitchell, vice-président Habitats résilients du WWF-Canada. « Non seulement la vitesse du processus est inédite, mais l’approche est plus efficiente. Il y a maintenant un plan pour l’écosystème en entier. »
La gestion des menaces prioritaires est un outil décisionnel développé par la professeure Tara Martin et son équipe de l’Université de la Colombie-Britannique. En prenant en considération les coûts, les bénéfices et la faisabilité, elle s’appuie sur les données et les expert.e.s pour identifier rapidement quelles stratégies auront le plus grand impact sur le plus grand nombre d’espèces.
« Nous travaillons déjà à replanter des forêts riveraines, à stabiliser des berges de ruisseaux et à construire des échelles à poissons sous les ponceaux. Et ce n’est qu’un début, ajoute Mitchell. Grâce à ce processus, nous savons maintenant quelles actions sont nécessaires et, aussi très important, combien exactement cela va coûter. »
Le WWF-Canada engage une poursuite
Le WWF-Canada s’est associé au Ecology Action Centre et à la Fondation Sierra Club Canada dans une poursuite contre le gouvernement canadien, dans le cadre de son approbation de l’évaluation environnementale régionale d’une région de la taille de l’Alberta située au large de Terre-Neuve-et-Labrador. Cette évaluation exempterait les prochaines exploration pétrolières et gazières d’évaluation spécifique par projet.
Notre poursuite note que l’évaluation n’a pas été menée selon des normes suffisamment élevées : elle a été précipitée, les lacunes dans les données n’ont pas été comblées et des mesures d’atténuation sur les habitats vulnérables n’ont pas été mises en place.
Engins fantômes
Saviez-vous que 46 % du continent de plastique du Pacifique est constitué d’engins de pêche fantômes? Ces équipements de pêche abandonnés, perdus ou jetés finissent dans l’océan, souvent à cause de la mauvaise température ou de pertes accidentelles, et nuisent aux espèces marines. Le WWF-Canada a financé le rapport de la Coalition des engins de pêche du Canada atlantique (Fishing Gear Coalition of Atlantic Canada – FGCAC) sur l’ampleur du phénomène des engins fantômes dans les Maritimes, ainsi que sur les manières d’y remédier.
Une de nos collègues, Martha Lenio, a aussi participé à un nettoyage de rivage l’Extrême-Arctique et son groupe a trouvé des filets de pêche fantômes et une cannette de boisson gazeuse datant des années soixante!
Rapport sur les bassins versants
Notre Rapport sur les bassins versants 2020 a réévalué les indicateurs de santé – le débit, la qualité de l’eau, les invertébrés benthiques et les poissons – des 167 sous-bassins versants au pays, avec des résultats à la fois rassurants et préoccupants.
Si 64 % des sous-bassins avec des données suffisantes ont obtenu la note de bon ou très bon pour leur état de santé générale, 100 sous-bassins n’avaient pas les données nécessaires pour obtenir une note. C’est un peu moins que les 110 de notre première évaluation en 2017, mais en dépit d’efforts significatifs, le manque de données continue de dissimuler la façon dont les menaces affectent la plupart des bassins au pays.
Pacte des dirigeant.e.s pour la nature
Au Sommet des Nations Unies sur la biodiversité en septembre dernier, le premier ministre Justin Trudeau a signé le Pacte des dirigeant.e.s pour la nature du WWF, démontrant que le Canada sera un chef de file mondial de la protection des espèces et des habitats.
« Nous allons procéder de la même façon que nous l’avons fait jusqu’à maintenant, a affirmé le premier ministre Trudeau, ce qui signifie de travailler avec les peuples autochtones qui doivent être partenaires dans la protection du territoire, qui comprennent à quel point il est important d’être de bons intendants de cette étendue de terre et d’eau qui nous soutient. »
Quelques heures plus tôt, le ministre de l’Environnement Jonathan Wilkinson avait confirmé l’engagement du fédéral à protéger 30 % des terres et des eaux d’ici 2030, faisant du Canada le seul des dix plus grands pays du monde à le faire.
Nous allons, bien entendu, nous assurer que nos dirigrant.e.s respectent leur parole.
Ascension virtuelle de la Tour CN
Notre 30e Ascension de la Tour CN pour la nature ne s’est pas déroulée exactement comme ce qui était prévu. Nous n’avons eu que trois semaines pour convertir notre évènement d’avril en ascension virtuelle et, grâce à vous, le succès a été au rendez-vous pour sauver les espèces.
Avec plus de 4200 grimpeur.se.s inscrit.e.s ayant collecté plus d’un demi-million de dollar, nous avons essayé d’imiter les 1776 marches de la tour comme nous le pouvions, dans la cage d’escalier d’une tour d’habitation ou à monter et descendre un marchepied, ou encore via des classes d’aérobie en ligne. Notre infatigable P.-D. G. Megan Leslie a quant à elle choisi de sauter à la corde 1776 fois!
Un de nos sympathisants, David Reece, s’est costumé en Deadpool pour monter et descendre l’escalier de la plus haute écluse hydraulique au monde à Peterborough, Ontario. Il a ainsi attiré l’attention de Deadpool en personne, l’acteur canadien Ryan Reynolds, sur Twitter. Beau travail, tout le monde!
Subventions Libérez votre nature
Nous avons reçu 260 candidatures provenant d’écoles, du personnel, d’enseignant.e.s, de professeur.e.s et d’étudiant.e.s de partout au pays, pour des projets concrets de restauration et de création d’habitats. Les propositions incluent notamment la réalisation de jardins de plantes indigènes pour les pollinisateurs, la création d’habitats comptant des nichoirs pour les chauves-souris et les oiseaux, la consultation d’Aîné.e.s des Premières Nations pour des projets de réconciliation et plus encore. Les noms des récipiendaires des subventions Libérez votre nature seront annoncés en janvier 2021.
Défi techno Génération H2O
Nous avons aussi offert 75 000 $ à quatre récipiendaires des prix du Défi techno Génération H2O, ainsi qu’une admission à l’accélérateur de projets Earth Tech du programme Climate Ventures du Centre for Social Innovation (CSI) pour les aider à donner vie à leurs solutions. Nous avons hâte que leurs technologies modernisent notre approche des données sur l’eau douce et réduisent les menaces urbaines pesant sur les habitats aquatiques.