Plus de 35 millions de tonnes d’eau contaminée rejetées près des côtes de la Colombie-Britannique en 2017
L’eau servant à nettoyer les épurateurs de navires contient des agents cancérogènes et des métaux lourds qui peuvent empoisonner les épaulards et leur habitat.
VANCOUVER/OTTAWA, le 11 décembre 2019 – Trente navires équipés d’épurateurs ont rejeté près de 35 millions de tonnes d’eaux usées des épurateurs près des côtes de la Colombie-Britannique en 2017, selon une nouvelle étude commandée par le Fonds mondial pour la nature (WWF-Canada). Ces épurateurs sont utilisés pour capter la pollution atmosphérique émises par les navires, soit par la filtration de l’oxyde de souffre des gaz d’échappement du mazout lourd utilisé dans les moteurs marins. Les eaux usées issues de cette filtration (un mélange d’eau et de contaminants provenant du mazout lourd) sont ensuite déversées dans l’océan.
Ces rejets nocifs pour l’environnement ont aussi un lourd impact sur des espèces déjà en péril, telles que les épaulards. De ces 35 millions de tonnes d’eau contaminée, l’étude indique que 90 % de ces déversements provenaient des bateaux de croisière.
Les épurateurs en circuit ouvert, lesquels relâchent immédiatement l’eau de nettoyage, sont utilisés par 50 % des navires concernés par l’étude. Les autres navires analysés ont quant à eux des systèmes hybrides, c’est-à-dire des systèmes contrôlés par les opérateurs lors du déversement des eaux usées après leur emmagasinage temporaire. (Les lois fédérales ne prohibent pas le mode « ouvert » en eaux canadiennes.)
Le rapport établit que ces rejets d’épurateurs pourraient augmenter de 35 % en 2020, puisque davantage de navires ont commencé à les utiliser pour se soumettre à la nouvelle règlementation sur le souffre adoptée par l’Organisation maritime internationale. Les bateaux de croisière pourraient être responsable des deux tiers de cette augmentation.
Le WWF-Canada prône l’élimination des épurateurs en circuit ouvert et des déversements provenant des systèmes hybrides dans les eaux canadiennes, en particulier dans les aires marines protégées et les habitats cruciaux. Effectuer la transition depuis le mazout lourd vers des carburants qui ne requirent pas d’épurateurs éliminera cette menace et aidera à atteindre l’objectif de trafic maritime zéro émission en 2050.
Andrew Dumbrille, spécialise sénior du trafic maritime durable du WWF-Canada, affirme :
« Le Canada a la responsabilité de sauvegarder nos océans. Le déversement d’eaux usées des épurateurs en circuit ouvert pollue l’habitat et a un effet négatif sur les espèces; un éventuel déversement de mazout dévasterait les communautés côtières. »
Hussein Alidina, spécialiste principal des Océans du WWF-Canada, affirme :
« Les épaulards résidents du sud de la Colombie-Britannique sont soumis à énormément de stress, et les rejets de nettoyage dégradent encore plus leur habitat. La pollution et les contaminants de toutes sources, incluant celle du transport maritime, doivent être considérablement réduits pour assurer le rétablissement de cette population. »
À propos du mazout lourd et des épurateurs dans l’industrie du transport maritime :
- Quatre-vingt-dix pourcents du mazout lourd transporté par navire en Colombie-Britannique passe par l’habitat de l’épaulard.
- Le mazout lourd est un carburant nocif qui est difficile à nettoyer parce qu’il est épais et persistant, et qu’il peut rester sur place pendant des semaines et des mois en affectant les oiseaux, les baleines et les zones côtières.
- Plusieurs états et ports côtiers dans le monde ont banni les rejets d’épurateurs en circuit ouvert, parmi lesquels la Californie, la Chine et plus récemment la Malaisie. Singapour et Fujairah, aux Émirats arabes unis, banniront ces déversements en 2020.
À propos du Fonds mondial pour la nature (WWF-Canada)
Le WWF propose des solutions aux grands défis de conservation qui nous tiennent tou.te.s à cœur. Nous menons des projets dans des lieux uniques et de grande valeur environnementale, afin que la nature et les humains cohabitent en harmonie. wwf.ca/fr
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