L’état de santé de 60 % des sous-bassins versants est toujours inconnu, selon un nouveau rapport du WWF-Canada

Eau douce

L’absence de données historiques sur les écosystèmes d’eau douce est d’autant plus préoccupante en raison de l’impact de la COVID-19 sur la recherche et la surveillance sur le terrain.

TORONTO, 20 octobre 2020 – Le Rapport sur les bassins versants 2020 du Fonds mondial pour la nature (WWF-Canada) soulève de sérieuses questions sur les façons dont les menaces posées par les activités humaines affectent nos écosystèmes d’eau douce. Les résultats, publiés aujourd’hui, soulignent le besoin d’assurer une surveillance continue de l’eau partout au pays pour identifier les bassins versants qui ont un besoin urgent d’actions de conservation.

Les cours d’eau du pays se divisent en 167 sous-bassins versants, dont 60 % (100 sur 167) pour lesquels nous n’avons pas suffisamment de données sur les indicateurs clés tels que le débit et la qualité de l’eau, les poissons et les invertébrés benthiques (insectes). Si ce manque de donnés sur la santé de l’eau douce est inquiétant, il y a tout de même une bonne nouvelle dans ce rapport : parmi les 67 sous-bassins pour lesquels nous avons assez de données, 43 (soit 64 % d’entre eux) reçoivent une cote Bon ou Très bon pour leur état de santé général.

Le manque de données exhaustives et en libre-accès implique que ne pouvons pas complètement comprendre à quel point les menaces posées par les activités humaines affectent la santé des écosystèmes d’eau douce. Cela veut aussi dire qu’il est de plus en plus difficile de répondre à la crise climatique et de s’adapter aux dommages et aux menaces qu’elle provoque. Ces lacunes dans les données sont particulièrement alarmantes puisqu’elles vont vraisemblablement empirer en raison de la pandémie qui cause l’annulation des activités de recherche sur le terrain de  plusieurs programmes gouvernementaux de surveillance en 2020.

Il s’agit de la seconde évaluation nationale de l’eau douce au Canada, après une première édition publiée par le WWF-Canada en 2017.

Les sous-bassins versants les plus préoccupants selon le rapport de 2020 :

  • Le sous-bassin du Cours supérieur du Saint-Laurent, pour lequel les données étaient insuffisantes en 2017, obtient maintenant la note de Très faible pour son état de santé, à cause du taux Très faible d’invertébrés benthiques. Les communautés d’invertébrés benthiques sont cruciales dans le diagnostic de l’état de santé de l’eau dans une région donnée.
  • Le bassin versant Nord du Québec reste toujours classé sous Données insuffisantes, avec 10 de ses 12 sous-bassins sans cote. C’est d’autant plus préoccupant que cette région abrite certains des plus grands barrages du monde et que le débit de ces sous-bassins a été affecté par ces ouvrages humains.
  • Le bassin versant Assiniboine-Rouge se retrouve sous Données insuffisantes pour l’indicateur des invertébrés benthiques dans ses quatre sous-bassins. Les activités agricoles sont densément présentes dans la région, ce qui est préoccupant pour les communautés d’invertébrés benthiques à cause du ruissellement des pesticides et de l’érosion venant de la surexploitation du sol.

Bien que davantage de données étaient accessibles pour le Rapport sur les bassins versants 2020, plusieurs lacunes majeures affectent toujours les données. La tendance qu’ont les sous-bassins à basculer de données suffisantes à insuffisantes démontre à quelle vitesse les données et les évaluations peuvent devenir désuètes et souligne le besoin vital d’une surveillance stratégique mieux suivie partout au pays.

Elizabeth Hendriks, vice-présidente, Restauration et régénération du WWF-Canada, affirme :
« Devant les pressions croissantes de la crise climatique et de la perte de biodiversité, nous devons nous montrer plus ambitieux.ses en matière de protection et de conservation des écosystèmes d’eau douce, particulièrement au cours de la décennie à venir. Nous avons tou.te.s un rôle à jouer dans la conservation de l’eau douce au 21e siècle, et cela passe par des communautés résilientes, la présentation des données sur l’eau aux décideur.se.s et la création d’une culture de l’intendance de l’eau dans tout le pays. »

Megan Leslie, présidente-directrice générale du WWF-Canada, affirme :
« Le WWF-Canada est un leader de la conservation de l’eau depuis plus de dix ans. Nous travaillons à assurer que les écosystèmes d’eau douce restent en santé dans tout le pays, autant pour les communautés que pour les espèces qui en dépendent. L’eau douce est un trésor national. Avec ce rapport, nous pourrons prioriser les actions de restauration dans des régions qui sont confrontées aux menaces les plus sévères et de poursuivre la protection de régions en bonne santé pour nous assurer qu’elles le restent. »

À propos du rapport
En 2017, le WWF-Canada a publié le premier Rapport sur les bassins versants, la toute première évaluation sur la santé des écosystèmes d’eau douce au Canada et des menaces auxquelles ils sont confrontés. Pour conserver ses données pertinentes et à jour, des réévaluations devraient être menées à chaque période de trois à cinq ans. À cette fin, le WWF-Canada a repris contact avec d’anciens fournisseur.se.s de données et en a contacté des nouveaux.elles pour produire une mise à jour du Rapport sur les bassins versants. Cette réévaluation ne porte que sur les indicateurs de santé (débit, qualité de l’eau, invertébrés benthiques et poissons) puisque les sources de données sur l’évaluation des menaces sont plus stables et moins susceptibles d’avoir changé en trois ans.

À propos de STREAM
La pratique accrue de la surveillance communautaire de l’eau a eu un impact significatif sur le rapport de 2020, en contribuant davantage de données permettant d’accorder des cotes supplémentaires. Le programme STREAM (pour Sequencing the Rivers for Environmental Assessment and Monitoring, ou le séquençage des rivières pour l’évaluation et le suivi environnementaux, aussi nommé « ADN du courant » en français) a ouvert la voie en appuyant la surveillance communautaire de l’eau en offrant de la formation, de l’équipement et des ressources aux groupes intéressés au suivi des invertébrés benthiques. STREAM est une collaboration entre le WWF-Canada, Environnement et Changement climatique Canada, l’Université de Guelph et Living Lakes Canada. Le but de ce partenariat est de pallier les lacunes dans les données et de soutenir les groupes communautaires qui veulent assurer la surveillance de l’eau douce dans leur collectivité pour en améliorer la santé. Pour en savoir plus sur ce programme, consultez notre page Internet.

À propos du WWF-Canada
Le WWF-Canada propose des solutions aux grands défis de conservation qui nous tiennent tou.te.s à cœur. Nous menons des projets dans des lieux uniques et de grande valeur environnementale afin que la nature et les humains cohabitent en harmonie. wwf.ca/fr/

 

Pour plus de renseignements
Laurence Cayer-Desrosiers, spécialiste communications, WWF-Canada
[email protected] | 514-703-2409