Sur la piste du narval à Grise Fiord
En août dernier, Jacqueline Nunes du WWF-Canada s’est jointe à l’équipe de chercheurs en expédition à l’île Ellesmere pour étudier le narval, la « licorne des mers ». Suivez-la dans son expédition tout au long de la Semaine de l’ours polaire.
Nous sommes arrivés au « campement » un jeudi, après avoir atterri à Grise Fiord, une communauté isolée où nous étions arrivés en avion à hélice, et après un trajet de plus d’une heure en bateau à l’intérieur du fjord. Le trajet en bateau valait le voyage à lui seul – le fjord spectaculaire était un véritable écrin de rouges, orangés et bruns chatoyants. Amon, le propriétaire Inuit du bateau sur lequel j’étais, nous a fait passer à proximité d’une colonie de milliers de mouettes nichant sur une même falaise. Le bruit était assourdissant. Il nous a également montrés des phoques un peu plus loin, et nous a fait frôler un iceberg, un vrai!
Nous avons mis deux jours éreintants à monter le campement. Nous avons dressé une tente-cuisine, chauffée au propane et assez grande pour accueillir l’équipe autour d’une table, une tente de recherche, chauffée elle aussi, et nos tentes dortoirs individuelles. Et une tente toilette, bien sûr, équipée de ses deux seaux, #1 et #2… Nous avions des réserves pour trois semaines : nourriture, vaisselle, papier de toilette, sacs de couchage, essence, matériel pour la recherche, une caisse entière de gants et des combinaisons étanches pour tout le monde – nous étions 12. C’est que nous devions en principe nous mettre à l’eau, glacée, pour manipuler des narvals!
Une fois le campement monté, la première tâche a été de mettre le filet à narval à l’eau. Le chef de l’équipe, Jack Orr (chercheur de longue date qui a passé trois décennies à faire des recherches sur le terrain en Arctique pour le compte de Pêches et Océans Canada), a pris la direction des opérations : d’abord, déployer le filet, gonfler les grosses bouées blanches, et creuser une profonde tranchée pour y ancrer solidement le filet sur la terre ferme. Puis, nous avons mis le filet à bord du zodiac et sommes partis sur l’eau.
Une fois le filet à l’eau, il fallait maintenant en assurer la surveillance 24 heures sur 24 (et surveiller les ours polaires). La surveillance s’est organisée, par équipes de deux et des quarts de trois heures. Jack nous a expliqué comment cela se passerait lorsqu’un narval serait pris au filet : il faudrait le doter d’un radioémetteur qui permettrait de suivre ses déplacements par satellite, le mesurer, prélever des échantillons sanguins, et évaluer son comportement. Il faudrait travailler le plus rapidement possible, c’est-à-dire faire tout ça en moins de 20 minutes avant de relâcher notre narval.
La routine du quotidien s’est rapidement installée autour de nos quarts de surveillance. Les temps libres étaient consacrés à préparer les repas, assurer le bon fonctionnement du campement (remplir des sacs de sables pour maintenir les choses en place, vider les seaux de la tente toilette, trier l’équipement, etc.), faire un peu d’exploration dans les alentours à la recherche d’animaux à observer. Nous étions à la période de l’année où il faisait jour 24 heures sur 24, et le mercure se maintenait entre 0oC et -5oC – l’été arctique, quoi! Certains jours il ventait fort et nous avions des bourrasques de neige, mais lorsque sortait le soleil, c’était fabuleux! Nous faisions des repas variés – crêpes le matin, souper mexicain avec tortillas maison et salsa, tout ça sur un petit poêle de camping Coleman.
L’heure du coucher, c’était l’heure de s’emmitoufler – des sous-vêtements longs, bas de laine et tuque – dans deux sacs de couchage. Bien blottie dans ma tente, les yeux couverts d’un masque pour bloquer la lumière du jour, je pouvais entendre les guetteurs à l’extérieur rigoler et tenter de se tenir au chaud.
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