À la rencontre de la récipiendaire du tout premier prix Glen Davis

Anne Sherrod a été la toute première récipiendaire du Prix Glen Davis, en 2017. Cliquez ici pour soumettre une candidature pour l’édition 2018.

Anne Sherrod, récipiendaire du premier prix Glen Davis © Anne Sherrod

Lorsqu’Anne Sherrod a débuté comme bénévole à la Valhalla Wilderness Society (VWS) à la fin des années 1980, elle travaillait dans un restaurant du coin. Elle vivait dans une minuscule cabane et devait louer sa maison pour en payer l’hypothèque, son salaire ne lui permettant pas d’assumer tous les coûts.
Efficace bénévole, elle reçut comme premier mandat de sensibiliser les citoyens et les médias sur un sujet très local, le plan d’aménagement de sa municipalité. Cette campagne, elle l’a menée avec ses collègues. Cependant, leur militantisme a fait l’objet de propagande haineuse où les environnementalistes ont été accusés de vouloir empêcher la réalisation du plan d’aménagement. L’animosité envers leurs actions a été si vive que l’une de ses collègues a été agressée lors d’un rassemblement populaire. Trois personnes ont été condamnées.
« C’est cette haine injustifiée envers nos actions qui a motivé encore plus mon implication au sein de la VWS.  Toute la direction de l’organisation et notre équipe avons compris à quel point il était important d’agir pour notre environnement », témoigne Anne Sherrod.
« Dans la cabane où je vivais, je n’avais ni eau chaude ni électricité. Je devais chauffer l’eau et cuisiner sur un réchaud de camping. Ceci dit, je ne me rappelle pas avoir ressenti un manque. J’étais heureuse. Je vivais dans un lieu que j’aimais », ajoute-t-elle.
Ce lieu est situé en pleine nature, près de New Denver en Colombie-Britannique. Après neuf ans passés dans sa cabane et grâce au soutien du philanthrope Glen Davis à la VWS,  elle a pu retourner vivre dans sa maison.

Aujourd’hui âgée de 70 ans, Anne est récompensée pour toutes ces années qu’elle a consacrées à la protection des richesses naturelles de la C.-B.  Ce travail acharné lui a valu de devenir la première récipiendaire du Prix Glen Davis du leadership en conservation, d’un montant de 10 000 $. Ce prix, accordé par le WWF-Canada et la Société pour la nature et les parcs du Canada, honore l’amour et le soutien que vouait Glen Davis à la nature.
En tant que directrice, chercheure et auteure, Anne Sherrod a, avec ses collègues, contribué à faire doubler la superficie d’aires protégées en C.-B., jusqu’à un demi-million d’hectares, dont la Réserve du parc national de Moresby-Sud, le parc provincial de Goat Range et le parc provincial de Valhalla. Aujourd’hui, elle participe à la gestion de la campagne pour le parc de la Selkirk Mountain Caribou, qui comprend la forêt primaire Incomappleux.
Une bonne partie de son succès est attribuable à ses écrits. « Je me suis toujours décrite comme étant 30 % militante et 70 % auteure », affirme-t-elle. Elle a travaillé pendant 35 ans à effectuer des recherches, à écrire et produire des centaines de communiqués de presse, appels à l’action, infolettres, brèves, pétitions et documents juridiques pour la VWS.
« Anne Sherrod a travaillé d’arrache-pied, surtout à l’ombre des projecteurs, dans une région très appréciée par Glen Davis. Il soutenait les mouvements environnementaux, mais également les militant.e.s derrière. Il misait sur des personnes telles qu’Anne Sherrod. Il était conscient du fait qu’un trop grand nombre d’activistes travaillent avec acharnement et sont payé.e.s une misère. Anne Sherrod est l’exemple classique d’une personne qui mérite cette récompense », mentionne Monte Hummel, président émérite du WWF-Canada et président du groupe qui a choisi la récipiendaire.

Encore aujourd’hui, elle l’a prouvé en acceptant le prix et offrant 1 000 $ à la Fondation Valhalla pour l’acquisition du marais Bonanza, le seul marais sur les 30 km de long du lac Slocan où elle habite. Ce marais constitue l’habitat d’oiseaux de milieux humides, d’espèces de serpents vulnérables, de rares orchidées, de saumons quinnat et de truites qui se rassemblent avant de remonter le cours d’eau.