Pourquoi ça fonctionne : La restauration des rivières pour combattre les dérèglements climatiques

Si vous souhaitez voir le pouvoir réparateur de la nature en action, jetez un coup d’œil du côté de la rivière Kennebecasis. Le cours d’eau et ses affluents, qui serpentent au cœur des terres agricoles du sud-est du Nouveau-Brunswick, étaient jadis limpides et suffisamment frais pour accueillir des bancs d’esturgeons, de saumons et de truites. Mais les choses ont changé.

Les activités humaines, le réchauffement climatique et les conditions météorologiques extrêmes dues aux dérèglements climatiques ont mené à la disparition des arbres et arbustes indigènes le long de la rivière, au déplacement de sédiments dans l’eau et à l’augmentation de la température générale de l’eau. Une bien mauvaise nouvelle pour les espèces de poissons en péril, les plantes et les animaux qui vivent à proximité et les gens de la région à risque d’inondations.

C’est ici qu’entre en jeu le Kennebecasis Watershed Restoration Committee. L’organisme communautaire mène un projet appelé Carbon Capture Collective, avec l’aide de la Hammond River Angling Association (HRAA) et de la Belleisle Watershed Coalition (BWC). Au cours de la dernière année et demie, ces organismes ont travaillé de concert avec des agriculteur.rice.s et des propriétaires terrien.ne.s pour planter des milliers de plantes et arbustes indigènes dans des habitats riverains dégradés – une tactique d’une simplicité trompeuse qui améliore la biodiversité (en restaurant les habitats terrestres et aquatiques) et qui atténue les effets des dérèglements climatiques (en absorbant davantage d’eau lors des inondations). Ils mesurent et surveillent également les quantités de carbone stocké grâce à ce qu’ils ont planté, un autre aspect du travail très important.

Aerial view of a winding river in a mostly agricultural land.
Vue aérienne de la rivière Kennebecasis © Tyler Burr

Il s’agit de l’un des six projets recevant actuellement un soutien financier du Programme de subvention nature et climat du WWF-Canada, présenté en partenariat avec Aviva Canada. Grâce à ce programme, des organismes communautaires d’un bout à l’autre du pays restaurent des terres dégradées et converties en utilisant des solutions basées sur la nature – pour faire avancer notre mandat de Régénérer le Canada et aider des centaines de milliers de Canadien.ne.s à accroitre leur résilience face à la crise climatique.

Bien qu’aucune initiative de restauration ne donne des résultats du jour au lendemain, nous disposons de suffisamment de données pour affirmer que le travail du KWRC et de ses partenaires a d’importantes répercussions. Nous avons demandé à Elizabeth Hendriks, vice-présidente, Restauration et régénération chez WWF-Canada, de nous fournir un rapport d’étape pour la rivière Kennebecasis et de nous expliquer pourquoi ce projet fonctionne si bien.

Qu’est-ce que le KWRC accomplit exactement avec ce projet?

L’organisme restaure les terres du bassin versant du fleuve Wolastoq/Saint-Jean en utilisant des solutions basées sur la nature, des outils puissants mais trop souvent négligés, pour aider les collectivités à se préparer aux répercussions des dérèglements climatiques. Ses progrès sont fantastiques. À ce jour, l’organisme a planté plus de 5000 arbustes et 2500 arbres indigènes.

Aujourd’hui, en cas de conditions météorologiques extrêmes ou d’inondations, la nature peut servir de bouclier contre les catastrophes climatiques, et ainsi fournir une aide concrète aux collectivités environnantes.

Le KWRC joue également un rôle de premier plan dans la surveillance du carbone. L’organisme a mené des études préliminaires pour mesurer le carbone dans le sol des sites qu’il restaure, et continuera de le faire pour évaluer son augmentation au fil du développement du site. Sur le plan éducatif, il s’est associé à d’autres groupes de conservation communautaires dans le cadre de ce travail, de même qu’à des bénévoles de la région, de sorte que tout le monde apprend ensemble. C’est une nouvelle façon d’approcher la restauration.

Qu’est-ce qui vous réjouit le plus dans ce que vous avez vu jusqu’à présent?

A woman smiling in front of trees and shrubs.
Elizabeth Hendriks, vice-présidente, Restauration et régénération au WWF-Canada © WWF-Canada

Trois choses me viennent en tête. Premièrement, ce qui me réjouit des projets comme ceux-ci, c’est qu’ils réintègrent la nature dans la terre. Nous savons que la nature nous aidera à combattre les dérèglements climatiques et à améliorer les habitats des espèces.

Le deuxième élément, d’une grande importance, est que ce travail nous aide à atténuer les inondations. Le fleuve Wolastoq et ses affluents – comme la rivière Kennebecasis – ont vécu des inondations extrêmes dans les dernières années, et ces travaux contribuent grandement à en atténuer les effets.

Enfin, le troisième pilier concerne l’engagement communautaire et l’approche pansociétale que l’organisme utilise, en misant sur l’éducation et en rassemblant les membres de la communauté.

Pouvez-vous m’en dire davantage sur la façon dont ce travail aide les espèces en péril de la région?

Pour un projet de restauration comme celui-ci, il est un peu trop tôt pour dire à quel point les populations augmenteront. Nous savons toutefois que le rétablissement de l’habitat des espèces en péril contribue à leur soutien. À long terme, nous savons que ce travail de restauration améliore le sort d’espèces telles que l’esturgeon à museau court et la tortue des bois.

Au bout du compte, en investissant dans la nature et les habitats, le KWRC augmente les possibilités de survie des espèces, y compris celles en péril. Son travail accroit la biodiversité dans la région tout en aidant à combattre les dérèglements climatiques.

De nombreux groupes participent à ce projet mené par le KWRC : la HRAA et la BWC, les propriétaires terrien.ne.s et les résident.e.s , et le WWF-Canada et Aviva Canada. En quoi la collaboration est-elle importante dans un travail comme celui-ci?

Les projets de ce type ont du succès grâce aux partenariats. Si, individuellement, les groupes étaient en mesure de résoudre le problème – et avaient les moyens de le faire –, nous ne ferions pas face aux défis que nous connaissons aujourd’hui. À mon avis, les partenariats multifacettes comme celui-ci sont la seule façon d’obtenir les résultats et de faire naitre les possibilités dont nous avons besoin pour améliorer la santé de la nature et la qualité de vie des collectivités.

La collaboration est un élément important du Programme de subvention nature et climat, et elle me donne espoir en l’avenir parce que nous travaillons avec des gens qui ont l’expertise nécessaire pour faire changer les choses. C’est réjouissant de s’associer à des personnes qui sont prêtes à se retrousser les manches et à accomplir ce travail.

Quelle est la meilleure leçon que nous puissions tirer de ce qui se passe à la rivière Kennebecasis?

Je crois que nous pouvons tous et toutes apprendre énormément du travail qu’accomplissent les groupes communautaires comme le KWRC, mais voici ce que je retiens avant tout : nos actions sur le terrain sont importantes pour la nature, pour nos collectivités, pour nos écosystèmes d’eau douce. Et nos actions sur le terrain peuvent nous aider à créer un meilleur avenir pour les espèces animales – et pour nos enfants.

Regardez comment la nature se défend le long de la rivière Kennebecasis, au Nouveau-Brunswick :

 

 

Plus de détails :