Les résultats sont arrivés : pouce (vert) en l’air pour la culture des plantes indigènes dans nos villes

Par Brontë Mutukistna, blogueuse invitée et ancienne stagiaire au WWF-Canada

La biodiversité est en baisse au Canada et partout dans le monde, et nos villes en constante expansion en sont en partie la raison. Mais celles et ceux d’entre nous qui vivent dans ces milieux urbains peuvent agir. Nos jardins, cours et espaces verts communautaires offrent la possibilité de soutenir les plantes indigènes et les espèces.

Several species of native plants grow in five pots beside a deck, soaking up sun in an urban backyard.
Jardin de plantes indigènes en contenants à Longueuil, Québec. © Laurence Cayer-Desrosiers

Les dernières décennies ont connu une augmentation de l’enthousiasme envers les plantes indigènes : des articles dans les médias, des campagnes environnementales, des programmes comme re:cultiver du WWF-Canada et des militant.e.s communautaires ont appelé à introduire plus de plantes indigènes dans les urbains.

Une recherche récente souligne l’importance de ce mouvement en croissance, et souligne qu’il ne bénéficie pas qu’à la biodiversité. Choisir des plantes indigènes à la place des plantes exotiques peut aussi réduire le besoin de pratiques d’entretien dommageables pour l’environnement.

Voici les points à retenir tirés des études récentes :

Les petits lopins d’habitat ont un grand effet

Les chercheur.se.s de l’Université Carleton à Ottawa ont analysé 32 ensembles de données1 représentant des parcelles d’habitat sur plusieurs continents, et constaté que plus d’espèces étaient présentes à travers plusieurs petites parcelles d’habitat que dans de grandes parcelles ayant la même aire totale. Dans les environnements urbains, où les grands espaces verts sont rares, des espaces plus petits comme les jardins résidentiels, les espaces horticoles des routes et les petits parcs peuvent jouer un rôle crucial dans le soutien à la biodiversité urbaine.

Les plantes indigènes sont essentielles à la biodiversité

Une étude de 20092 qui a examiné les zones périurbaines en Pennsylvanie a rapporté un nombre significativement plus élevé d’espèces de chenilles, ainsi qu’une plus grande abondance d’oiseaux plus diversifiés dans les jardins de plantes indigènes en comparaison aux jardins de plantes non indigènes. Les plantes indigènes sont la clé de voute de la reproduction des insectes. En effet, jusqu’à 90 % des espèces d’insectes herbivores ne peuvent se reproduire que sur des plantes avec lesquelles ils partagent une évolution historique. La reproduction des insectes peut grandement affecter les espèces d’oiseaux insectivores et par conséquent, affecter la chaine alimentaire en général. En d’autres mots, cultiver des plantes indigènes peut créer un effet en cascade à travers l’écosystème.

 

A striped, fleshy caterpillar chews the edge of a leaf with more leaves and flower buds in the background.
Une chenille du monarque se nourrit sur de l’asclépiade commune à Toronto, Ontario. © Sarah Pietrkiewicz

Se convertir aux plantes indigènes peut réduire les couts d’entretien tout en améliorant les bénéfices pour la biodiversité

Les plantes indigènes sont souvent célébrées pour leur faible besoin d’entretien puisqu’elles sont mieux adaptées aux conditions environnementales locales que les plantes exotiques. Ce principe a été confirmé par une recherche effectuée à Austin, au Texas, qui indique aussi que les pelouses de façade plantées avec des gazons indigènes avaient une plus faible présence de plantes non désirées que celles plantées avec des gazons exotiques, ce qui réduit le besoin de fertilisant et de produits chimiques dommageables. Il a aussi été observé que les gazons indigènes ont un taux de croissance plus faible et pouvaient être tondus moins souvent.

Au-delà de l’Amérique du Nord, une recherche3 basée à Riedstadt, en Allemagne, a analysé la conversion de plantations sur le côté des routes vers des champs de fleurs indigènes. Les constats démontrent que les couts d’entretien étaient cinq fois plus élevés pour les plantations d’espèces exotiques et que la densité d’arthropodes (un groupe qui inclut les insectes, les araignées et les millepattes, entre autres) avait augmenté dans les champs de fleurs. Cela nous fournit encore une preuve que passer aux plantes indigènes peut être une façon de soutenir la biodiversité locale qui se révèle économique et demandant moins de travail.

Five or so species of native plants arranged in a rectangular bed, surrounded with mulch and other plants, in front of a fence and a graffitied concrete wall.
Jardin avec des carex indigènes (type de plantes herbacées) sur un boulevard de Toronto, Ontario © Lorraine Johnson

La jardinage peut jouer un rôle dans la conservation de la biodiversité des plantes

Dans un article4 de la rubrique « Perspective » de Nature Sustainability, des chercheur.se.s en Allemagne proposent le jardinage de conservation comme approche de la conservation des espèces de plantes. Les auteur.rice.s indiquent comment les gens peuvent créer des conditions de jardin qui encouragent les habitats d’espèces indigènes en péril, en considérant des caractéristiques comme l’ensoleillement ou le type de sol, et il.elle.s citent des recherches donnant des exemples où la culture de plantes en déclin peut aider les populations à se rétablir. Par exemple, l’horticulture a aidé à soutenir une augmentation de 65 % de la population de muscari faux-botryde (Muscari botryoides) dans les récentes décennies en Allemagne, là où l’espèce est indigène. Cultiver des plantes indigènes à la maison et dans nos communautés représente l’occasion d’accroitre la biodiversité des espèces de plantes tout comme celle des espèces animales qu’elles soutiennent.

Pour en lire plus à propos de la culture de plantes indigènes dans les villes ou les régions du pays, visitez re:cultiver.

Brontë Mutukistna est étudiante à la maitrise en architecture de paysage à l’Université de Colombie-Britannique. À travers le Programme d’universitaires en développement durable, elle a complété un stage de quatre mois au WWF-Canada, qu’elle a consacré à étudier la recherche existante sur les bénéfices des plantes indigènes dans les espaces urbains.

 

Références (en anglais)

  1. RIVA F. et L. Fahrig, 2022, « The disproportionately high value of small patches for biodiversity conservation » in Conservation Letters, https://conbio.onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/conl.12881
  2. BURGHARDT K. T., D. W. TALLAMY, W. G. SHRIVER, 2009, « Impact of Native Plants on Bird and Butterfly Biodiversity in Suburban Landscapes », Conservation Biology, https://conbio.onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/j.1523-1739.2008.01076.x
  3. SIMMONS, M et M. BERTELSEN, S. WINDHAGER, H. ZAFIAN, 2011, « The performance of native and non-native turfgrass monocultures and native turfgrass polycultures: An ecological approach to sustainable lawns », Ecological Engineering, https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0925857411001005?via%3Dihub
  4. SEGAR J., C. T. CALLAGHAN, E. LADOUCEUR, J. N. MEYA, H. M. PEREIRA, A. PERINO et I. R. STAUDE, 2022, « Urban Conservation Gardening in the Decade of Restoration », Nature Sustainability, https://www.nature.com/articles/s41893-022-00882-z