Pêcher une nouvelle ressource renouvelable au Nunavut

Pour appuyer des solutions inuites durables et à faible impact en contrepartie des industries minière, pétrolière et gazière, le WWF-Canada travaille en partenariat avec les communautés de Kinngait, Sanikiluaq et Arviat, au Nunavut, afin d’aider leurs résident.e.s à développer des plans de gestion pour des pêches côtières communautaires et commerciales à petite échelle. Pour en savoir davantage, nous avons parlé à Doug Chiasson, notre spécialiste sénior en développement marin.  

Analyse d’oursins et de pétoncles récemment pêchés dans la baie d’Hudson. © Hannah Polaczek

Tout d’abord, quelle est la situation économique au Nunavut?

Les communautés du Nunavut ont un taux de chômage parmi les plus élevés au pays, dépassant souvent 20 %. Certain.e.s résident.e.s se tournent donc vers l’extraction minière, pendant que d’autres choisissent l’artisanat traditionnel ou le tourisme. Cependant, les communautés examinent de plus en plus les opportunités offertes par la mer.  

 

Comment le WWF peut-il contribuer à cet effort?

Plusieurs espèces, comme le pétoncle d’Islande, le concombre de mer, l’oursin vert et la moule bleue, vivent confortablement dans les eaux froides de la baie d’Hudson. En septembre dernier, une équipe de chercheur.se.s, de pêcheur.se.s locaux.ales et moi avons réalisé un premier relevé près de Sanikiluaq, dans le sud-est de la baie d’Hudson, pour déterminer s’il était possible d’y exploiter une pêche commerciale. La communauté avait déjà tenté l’expérience à plusieurs reprises depuis les années 1980, mais sans l’appui nécessaire pour franchir le cap de la production commerciale. Nous espérons pouvoir les aider à y parvenir cette fois-ci. 

 

Cette communauté est déjà experte en pêche locale. De quelle façon avez-vous pu contribuer davantage?  

J’ai acheté un véhicule téléguidé : un drone sous-marin qui envoie des images à la surface via un iPhone relié à une manette de jeux vidéo. Nous avons pu voir ce qui vit au fond de la mer et ainsi complémenter ce que nous avions appris des méthodes de pêche traditionnelle et commerciale.  

 

Avez-vous trouvé quoi que ce soit? 

Oh que oui! Nous avons trouvé une quantité importante de nos espèces ciblées, ce qui est très encourageant. Nous travaillons maintenant avec une entreprise d’intelligence artificielle pour développer un algorithme d’apprentissage automatique qui traitera les vidéos et nous donnera des estimations d’abondance. L’analyse des échantillons biologiques recueillis nous offrira des détails importants sur le cycle de vie et la valeur nutritionnelle de ce que nous avons pu pêcher.  

 

Quelle est la prochaine étape de ce projet de pêche arctique communautaire? 

Le WWF-Canada procédera à encore plus de relevés autour de Sanikiluaq et, avec la communauté de Kinngait cette fois, poursuivra avec des relevés de crabes et de crevettes dans le détroit d’Hudson. Nous soutiendrons également la pêche commerciale du poisson de fond de l’ouest de la baie d’Hudson, avec des partenaires d’Arviat 

Nous n’en sommes encore qu’au début des relevés, mais nos partenaires sont confiant.e.s. Les pêches commerciales à venir seront basées autant sur la recherche que sur le savoir ancestral accumulé par les pêcheur.se.s. Les résident.e.s de ces communautés voient ce projet comme une façon de lutter contre l’insécurité alimentaire des familles, en plus de bonifier l’économie locale avec la vente de ces produits ailleurs au Canada et dans le monde.