« Le cancer nous vole beaucoup de choses, mais je ne veux pas qu’il me vole ça, » dit une femme ayant grimpé 4 fois la Tour CN
Liisa Ladouceur a monté quatre fois les escaliers de la Tour CN, mais c’était avant son cancer.
Après avoir reçu son diagnostic de cancer des ovaires l’an dernier – et après avoir subi une chirurgie et plusieurs mois de chimiothérapie – atteindre le sommet pour la cinquième fois avec l’équipe Team Doing Stuff n’est pas seulement une affaire de collecte de fonds pour le WWF-Canada. C’est une part importante de sa guérison.
Qu’est-ce qui vous a inspirée à vous inscrire la première fois, et qu’est-ce qui vous fait revenir?
La première fois, une collègue qui le faisait m’a invitée. Je n’étais jamais montée dans la tour même si j’habite Toronto depuis 30 ans parce que j’ai la peur des hauteurs. Je ne voulais pas monter en ascenseur. Mais je me suis dit : « Je peux monter par les escaliers? Super, je peux faire ça. »
Je ne suis pas super en forme, mais j’aime vraiment l’activité physique. Cela étant, j’ai réalisé : « Incroyable, je viens juste de grimper la Tour du CN en environ 30 minutes. » Je ne pensais pas en être capable. Je voulais le refaire, alors j’ai entrepris de convaincre d’autres personnes qu’elles pouvaient le faire aussi, même si elles ne s’en sentaient pas capable.
Comment décririez-vous votre première ascension?
C’était toute une montée d’adrénaline! Il y a toutes ces équipes en file. Certaines équipes ont des uniformes et il y a de l’électricité dans l’air. Vous pensez à l’ascension pendant des mois où vous vous entrainez au gym, puis tout à coup, vous êtes dans les escaliers. Et c’est parti.
En quoi l’Ascension de la Tour CN est différente cette année?
Cette année, c’est différent parce que je n’ai pas fait l’ascension depuis 2018. J’ai surtout un corps vraiment différent.
L’an dernier, j’ai reçu un diagnostic de cancer des ovaires. J’ai eu une chirurgie invasive et je suis ensuite passée à travers plusieurs mois de chimiothérapie. Ces deux étapes m’ont vraiment affectée physiquement et j’ai encore de la difficulté sur plusieurs plans.
Je suis vraiment excitée de m’être débarrassée du cancer – les quatre meilleurs mots en anglais sont maintenant « no signs of disease » (aucun signe de maladie). Mais mon corps ne s’en est pas remis complètement, donc je voulais un objectif qui m’inspire à me lever, à faire de l’exercice et m’aide à guérir.
J’ai hâte à l’ascension à chaque mois d’avril. Cela me donne l’occasion d’être plus active physiquement en hiver. J’ai un objectif pour lequel m’entrainer. Le cancer nous vole beaucoup de choses. Mais je ne veux pas qu’il me vole ça. Je veux prouver que je peux encore le faire.
Je ne m’attends pas à être rapide. Je le faisais en environ 30 minutes, peut-être 32 ou 34. Cela me prendra maintenant peut-être une heure. Mais j’ai des coéquipier.ère.s qui ont pris plus qu’une heure parce qu’il.elle.s ont leurs propres défis de mobilité. Nous étions là pour les encourager, et il.elle.s étaient excité.e.s de le faire. Cette année, c’est mon tour. Je sais que mes coéquipier.ère.s vont être là pour m’encourager.
Je suis très excitée – mais aussi un peu effrayée!
Comment vous préparez-vous et qu’est-ce qui vous motive à vous pousser encore plus?
Je monte les escaliers ici dans mon édifice. C’est difficile, mais une fois que vous êtes dans les escaliers, vous n’avez qu’à mettre un pied devant l’autre.
Il y a aussi des dessins sur les murs à l’intérieur de la Tour CN, faits par des élèves qui m’encouragent – faites-le pour le panda! Quand je m’entraine et que ça devient difficile, je pense à ces dessins et je me dis : « Je vais entrer dans la cage d’escalier et à chaque palier des enfants que je ne connais pas vont m’encourager jusqu’au sommet. »
J’ai aussi une formidable équipe d’ami.e.s. J’ai certain.e.s ami.e.s qui ont déjà grimpé avec moi et j’ai aussi trois personnes qui ne l’ont jamais fait, et nous allons nous faire des bandeaux d’équipe. Pour moi, il s’agit de rassembler les gens – des personnes qui pensent que peut-être elles ne peuvent pas le faire et de les encourager à le faire. Ces personnes m’encouragent. Je les encourage. Nous veillons les un.e.s sur les autres. Et pour moi, c’est une grande partie de l’expérience.
Que diriez-vous aux gens qui pourraient être en train de vivre quelque chose de similaire ou qui se sentent intimidé.e.s par la tour?
Je pense que mon inscription cette année a choqué certain.e.s de mes proches parce que je suis encore en rétablissement et que j’ai encore de la difficulté sur plusieurs plans. Mais j’aime me rappeler à moi-même et aux autres que je suis plus que mon corps et que je suis plus que ce que je peux faire dans une journée. Je suis aussi mes rêves et mes aspirations. Ainsi, je rêve de grimper au sommet de la Tour CN cette année, donc je dois essayer.
Le pire qui peut arriver c’est qu’au moment d’y être, je n’en sois pas capable. Mais j’aurai tout de même amassé de l’argent pour une bonne cause et mes ami.e.s seront là et je vais les encourager. Il n’y a aucun désavantage à s’inscrire.
Se rétablir d’un cancer, ce n’est pas aussi simple qu’allumer une lumière, n’est-ce pas? Vous ne revenez pas à votre ancien vous quand vous sortez de votre dernier traitement. C’est une série d’étapes de rétablissement. Et pour moi, l’ascension est une énorme étape de guérison. Être capable de grimper signifie davantage que juste grimper pour une bonne cause durant une journée. C’est une énorme étape vers le reste de ma vie.
Ça vous inspire? Il est encore temps de vous inscrire à l’Ascension de la Tour CN pour la nature du WWF-Canada (en anglais seulement) qui a lieu les 15 et 16 avril. Chaque marche que vous montez et dollar que vous amassez aidera à protéger et à restaurer des habitats à travers le pays, à renverser le déclin des espèces et à lutter contre la crise climatique.