La COVID n’arrête pas la science citoyenne inuite au Nunavut

Un ours polaire traverse un lac gelé devant la baie d'Hudson dégelée, lors d'un lever de soleil tardif près de Churchill, au Canada © Elisabeth Kruger / WWF US
Un ours polaire traverse un lac gelé devant la baie d’Hudson dégelée, lors d’un lever de soleil tardif près de Churchill, au Canada © Elisabeth Kruger / WWF US

Les données sont une partie importante de la prise de décision en matière de conservation, mais elles ne sont pas toujours faciles à recueillir, surtout en Arctique. C’est pourquoi Leonard Netser – un habitant de Coral Harbour, une ville de 1000 personnes située à l’extrémité nord de la baie d’Hudson au Nunavut – a mis sur pied les relevés communautaires Nunavummiut d’ours polaires sur l’île de Southampton.

« Nous avons toujours été surpris.es de voir à quel point les ours polaires s’adaptent de façon impressionnante lorsqu’il est question de leurs capacités de prédation et d’instinct de survie. Nous savons beaucoup de choses sur les ours polaires, mais ce que nous n’avons jamais su avec certitude, c’est la question de leur population, » explique M. Netser, ajoutant que son projet « permettra de suivre les impacts du dérèglement climatique sur notre île ».

Grâce à une subvention du Fonds pour la conservation des espèces de l’Arctique du WWF-Canada, à un soutien supplémentaire du gouvernement fédéral et à la coordination de l’équipe Bearwatch de l’Université Queen’s, Leonard Netser a mis sur pied une équipe de citoyen.ne.s scientifiques locaux.ales pour réaliser son idée de projet dirigé par les Inuit.e.s pour surveiller les sites de mise bas.

« Un beau jour, mon fils Troy et moi avons trouvé six tanières d’ours actives dans une section de cinq kilomètres d’un canyon creusé par les rivières du temps. Chaque femelle avait des jumeaux.elles! Cela faisait 18 ours dans une toute petite zone de l’île. Je me suis demandé combien il y avait de tanières de mise bas sur l’île, année après année, » ajoute-t-il.

Bien que le coronavirus ait suspendu les voyages vers et à l’intérieur du Nunavut, l’initiative de relevés communautaires de M. Netser, menée par des locaux.ales, a pu se poursuivre. Les participant.e.s ont cartographié les tanières et, après le départ saisonnier des ours, ont amassé des poils et des excréments pour les analyser scientifiquement afin « d’évaluer les réponses biotiques au dérèglement climatique et aux autres impacts environnementaux anthropiques ».

Nous attendons maintenant les résultats de ce projet collaboratif rendu possible grâce à la science citoyenne!