Des milieux de vie nature!

Riverdale park, Toronto, Ontario
© James Thomas / U

Nous sommes au seuil de l’été, mais la pandémie actuelle signifie qu’il ne ressemblera à aucun autre. Après un printemps largement passé à se confiner sans trop bouger, tout le monde a le goût de sortir dehors pour son bien-être physique et psychologique.

Avec 80 % de citoyen.ne.s qui vivent en milieu urbain au pays, plusieurs ont été confronté.e.s à des espaces verts noirs de monde! Les grandes villes sont parfois décrites comme des mers bétonnées et on oublie souvent la nature qui survit dans nos milieux urbains. Parcs, rivières, falaises, rivages et milieux humides forment un réseau naturel pour les citadin.e.s et les espèces. Néanmoins, s’il y a bien une chose que nous avons appris en 2020, c’est que nous avons besoin de beaucoup plus d’espaces verts, et il en est de même pour les espèces.

La biodiversité urbaine ne signifie pas seulement les ratons-laveurs, les écureuils et les moufettes qui se promènent dans nos cours et dans les ruelles. C’est la variété des organismes vivants, ou diversité biologique, qui se retrouve dans les environnements urbains. En d’autres mots, il s’agit autant des oiseaux, des papillons, des coyotes, des arbres, des arbustes fruitiers, des mousses et toutes les autres espèces de plantes et d’animaux qui ont été capable de s’acclimater et de survivre dans des endroits densément peuplés et fragmentés.

Leur survie s’avère cependant de plus en plus difficile à mesure que l’étalement urbain se poursuit. Heureusement, la tendance change. Les citoyen.ne.s sont de plus en plus impliqué.e.s dans leur quartier, la science démontre le rôle et l’importance de la nature urbaine et les municipalités commencent à poser plus de gestes concrets tels que des investissements dans les infrastructures vertes.

À Montréal, par exemple, près de 360 espèces d’oiseaux, 80 espèces de poissons et plus de 180 espèces d’abeilles trouvent refuge dans la métropole. Plusieurs de ces espèces possèdent un statut particulier (soit menacé, vulnérable ou susceptible de le devenir). L’an dernier, la ville a annoncé la création du Grand parc de l’Ouest, un parc de 3000 hectares qui deviendrait le plus grand au Canada. Puis, en mai, la mairesse Valérie Plante a annoncé la création d’un nouveau parc de 60 hectares dans l’écoterritoire de la falaise Saint-Jacques, qui comporte des boisés, des milieux humides et des prairies. Toronto agit aussi dans ses 8000 hectares d’espaces verts par la planification d’une stratégie de biodiversité et de protection des pollinisateurs.

Davantage de restauration et de conservation en milieu urbain et périurbain est certainement une bonne nouvelle pour les résident.e.s et les espèces. Mais on en tire également d’autres bénéfices appelés « services écosystémiques ». Parmi les services qu’offre la nature urbaine, mentionnons l’augmentation de la résilience climatique en absorbant les eaux de pluie pour réduire les inondations, la purification de l’air et la réduction des îlots de chaleur.

Aider la nature ne signifie pas seulement des travaux municipaux d’importance. Vous pouvez contribuer à un habitat viable depuis votre cour ou votre balcon. Notre programme In the Zone (en anglais seulement) a pour but de créer le plus grand jardin pour les espèces au Canada dans la zone carolinienne, située dans la pointe sud de l’Ontario. Plus de 4000 jardins de plantes indigènes y sont déjà inscrits. Une autre façon de contribuer est le projet d’origine montréalaise Biopolis, qui connecte les citoyen.ne.s, les scientifiques, les décisionnaires et les organisations en biodiversité urbaine pour mettre en commun les connaissances, les projets et les meilleurs pratiques. Le projet poursuit son déploiement partout au Québec pour mieux outiller, célébrer et inspirer les citoyen.ne.s et les communautés de la province.

Pourquoi la biodiversité urbaine est-elle si importante en ce moment? Mais parce que les villes canadiennes ont doublé en taille au cours du siècle dernier, détruisant les forêts, asséchant les milieux humides, canalisant les rivières et les ruisseaux sous terre et fragmentant les habitats pour créer des espaces pour… nous. Et ce n’est pas de l’histoire ancienne et oubliée : 216 000 km2 de forêt intacte ont été détruits entre 2000 et 2013 seulement.

Choisir la nature et la ville est possible. Nous avons les outils et la volonté collective et pouvons donc tou.te.s aider à restaurer la nature en ville. Ensemble, nous pouvons renforcer la résilience de nos milieux de vie et les rendre accueillants pour les citoyen.ne.s et la nature.