Pour 33 $ par personne par année, le Nouveau-Brunswick pourrait empêcher l’extinction de 40 espèces en péril
Une étude sur les espèces du bassin versant du fleuve Wolastoq/Saint-Jean, au Nouveau-Brunswick, identifie pour la première fois des solutions de rétablissement et leurs coûts.
Fredericton, N.-B., 9 décembre 2020 – Le bassin versant du fleuve Wolastoq, ou Saint-Jean, au Nouveau-Brunswick, abrite près de 50 espèces en péril. Une nouvelle étude de l’Université de la Colombie-Britannique et du Fonds mondial pour la nature (WWF-Canada) révèle aujourd’hui que le rétablissement de la plupart de ces espèces est non seulement possible, mais aussi tout à fait accessible économiquement. Sans interventions, toutes les espèces en péril considérées dans cette étude, dont la tortue des bois, l’hirondelle de rivage, le saumon de l’Atlantique et l’esturgeon à museau court, disparaîtront probablement de la région au cours de 25 prochaines années. Toutefois, en mettant en place 15 stratégies distinctes, les gouvernements pourraient assurer le rétablissement de 40 espèces au coût de 25,8 millions de dollars par an pendant 25 ans, soit l’équivalent annuel de 33 $ par personne au Nouveau-Brunswick.
Le fleuve Wolastoq/Saint-Jean est le plus long fleuve de l’est du Canada et il possède une longue histoire de perturbations humaines, après plus de 400 ans de colonisation. Le bassin versant subit présentement des pressions causées par la perte et la fragmentation des habitats, la pollution et la crise climatique. Les forêts de la région ont particulièrement changé après des centaines d’années de coupe ayant éliminé de vastes étendues de forêts anciennes, ce qui a eu un impact sur l’érosion et la perte d’espèces.
Alors que le nombre d’espèces en voie de disparition augmente, il devient de plus en plus important d’agir rapidement pour répondre aux menaces et mettre en œuvre des mesures de rétablissement. La gestion des menaces prioritaires (GMP) est un outil décisionnel développé par la professeure Tara Martin et son équipe de l’Université de la Colombie-Britannique. En prenant en considération les coûts, les bénéfices et la faisabilité, la GMP s’appuie sur les données et les expert.e.s des espèces pour identifier rapidement quelles stratégies auront le plus grand impact sur le plus grand nombre d’espèces.
Si le bassin versant du Wolastoq/Saint-Jean est la première application de la GMP dans l’est du pays, elle a aussi été récemment utilisée dans la région « South of the Divide » en Saskatchewan, ainsi qu’en Colombie-Britannique, dans l’estuaire du fleuve Fraser, la biorégion de Kootenay et la Côte centrale.
Abbey Camaclang, autrice principale, chercheuse postdoctorale, Université de la Colombie-Britannique, affirme :
« Le processus de GMP est plutôt collaboratif et inclusif. Le partage de savoir qui a lieu au cours du processus révèle des occasions de collaboration potentielles entre les parties prenantes. En sachant quelles actions permettront le rétablissement du plus grand nombre d’espèces au moindre coût, cela facilite la coordination des efforts entre les divers.es acteur.rice.s du bassin versant et leur orientation vers ces actions prioritaires. En travaillant ensemble, nous pouvons en faire plus avec les ressources disponibles et améliorer nos chances de rétablir ces espèces. »
Tara Martin, autrice de référence, professeure des sciences de la conservation à la Faculté de foresterie de l’Université de la Colombie-Britannique, affirme :
« Les approches actuelles de sauvegarde des espèces en péril au pays ne fonctionnent pas. Elles prennent trop de temps et elles n’incluent pas les coûts et les bénéfices des actions. À l’opposé, l’approche de gestion des menaces prioritaires est rapide, inclusive et livre un plan d’action chiffré pour le rétablissement des espèces. Sans investissement audacieux ni action urgente, des espèces disparaîtront de la région du Wolastoq. Ce qui impliquera des pertes d’emplois et de culture. Agir maintenant assurera aux prochaines générations de pouvoir vivre, elles aussi, la richesse des espèces de la région. »
Simon J. Mitchell, vice-président Habitats résilients du WWF-Canada, affirme :
« En moins de deux ans, nous sommes passé.e.s d’un dialogue sur les menaces visant des espèces individuelles à la mise en œuvre de projets de rétablissement pour de multiples espèces. Nous travaillons déjà à replanter des forêts riveraines, à stabiliser des berges de ruisseaux et à construire des échelles à poissons sous les ponceaux, au bénéfice des espèces aquatiques. Ces actions bénéficient aux espèces, aux communautés, à la culture et à la santé générale du bassin versant. Et ce n’est qu’un début! Grâce à ce processus, nous savons maintenant quelles actions sont nécessaires et, aussi très important, combien exactement cela va coûter. »
Stratégies de conservation identifiées par le processus de Gestion des mesures prioritaires :
- Gestion des terres (publiques, forestières, privées/agricoles)
- Gestion et politiques des milieux riverains, humides et aquatiques
- Mise en oeuvre des politiques (prises illégales, milieux humides, pollution et crise climatique)
- Gestion de barrage
- Reproduction/réintroduction d’espèces aquatiques
Pour en savoir plus :
Journal : Conservation Science and Practice
Article : « Prioritizing threat management across terrestrial and freshwater realms for species conservation and recovery. »
Lien : https://doi.org/10.1111/csp2.300
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