L’ébauche de Stratégie canadienne sur le bruit sous-marin a du bon, mais manque de précision sur la façon de procéder et l’échéancier
Le Fonds mondial pour la nature (WWF-Canada) se réjouit à l’idée de soutenir une stratégie finale remarquable sur le bruit sous-marin, mais demande des actions immédiates pour réduire la pollution par le bruit sous-marin
26 aout 2024, TORONTO – Le vrombissement des navires, les détonations sismiques assourdissantes de l’exploration pétrolière et gazière et le grondement des constructions maritimes et des expansions portuaires continuent de faire monter le volume dans nos océans. Mais les efforts du Canada pour protéger les espèces marines des effets nuisibles de la pollution par le bruit sous-marin ne progressent pas aussi vite. L’ébauche de Stratégie canadienne sur le bruit sous-marin – annoncée en 2016, promise pour 2021 et publiée par le gouvernement fédéral vendredi dernier – est une étape importante.
Le bruit sous-marin issu de la navigation et d’autres activités industrielles noie les sons naturels dont dépendent les espèces marines pour communiquer, s’orienter, s’alimenter et prendre soins de leurs petits, ce qui entraine du stress, des déplacements, des blessures, des échouements de baleines et des collisions fatales avec les navires. Cette ébauche de stratégie offre une feuille de route indispensable pour commencer à s’occuper de ces effets en comblant les lacunes dans les connaissances, en normalisant les méthodes de recherche et de surveillance, en promouvant les technologies innovantes, et en établissant un cadre de gestion fédéral clair et transparent.
Mais les recommandations de l’ébauche manquent d’orientation claire sur la façon et le moment où le Canada déterminera, mettra en œuvre et fera respecter des aspects indispensables comme des seuils et des limites de bruit, des cibles régionales de réduction du bruit et un examen règlementaire.
Le processus de consultation commence maintenant, offrant l’occasion aux citoyen.ne.s de s’exprimer, au nom des baleines et des autres espèces marines, sur ce que nous voulons voir inclus dans la stratégie.
Le WWF-Canada a hâte d’émettre ses commentaires sur l’ébauche de la Stratégie sur le bruit sous-marin durant la consultation et continuera, comme il le fait depuis trois ans, de demander la publication rapide et la mise en œuvre d’une stratégie finale forte et centrée sur l’action qui :
- Fixe des limites de bruits pour les activités déjà reconnues comme ayant un effet négatif sur les paysages acoustiques sous-marins. Ces limites doivent être basées sur les seuils biologiques (le bruit que différentes espèces sont capables de supporter sans effet néfaste) et du savoir local et autochtone.
- Prenne une approche régionale établissant des cibles de réduction du bruit dans les lieux excessivement bruyants, comme la côte Sud de la Colombie-Britannique et la voie maritime du Saint-Laurent, et des limites de bruit dans les régions historiquement calmes mais en rapide développement comme l’Arctique. Le gouvernement canadien devrait aussi prioriser le développement et la mise en œuvre de cibles de réduction du bruit dans les aires marines protégées et de conservation et les habitats essentiels pour les espèces en péril.
- Stimule le développement et l’adoption de technologies moins bruyantes, tout en mettant immédiatement en œuvre des mesures qui atténuent le bruit, comme des zones de ralentissement des navires dans les aires marines protégées et de conservation.
- Entérine des règlements sur la surveillance des niveaux de bruits actuels et l’application de limites et de cibles de réduction du bruit.
Ce processus allant de l’ébauche à la mise en œuvre ne sera cependant pas assez rapide pour protéger les espèces marines en péril. Le WWF-Canada urge le gouvernement fédéral de prendre des actions immédiates pour atténuer entretemps les effets grandissants de la pollution par le bruit sous-marin. Notre rapport récent, La stratégie sur le bruit dans les océans du Canada : une analyse des lois et des politiques, explore les mécanismes juridiques existants que le gouvernement peut utiliser pour protéger les espèces marines.
Kristen Powell, spécialiste en conservation marine et navigation au WWF-Canada, affirme :
« Les mammifères marins emblématiques de chez nous et qui sont en péril – notamment l’épaulard résident du Sud, le narval, le béluga du Saint-Laurent et la baleine noire de l’Atlantique Nord – sont confrontés à des pressions grandissantes issues du bruit sous-marin, et nos océans deviennent de plus en plus bruyants. Les espèces en péril ont besoin d’une stratégie forte sur le bruit dans les océans, qui utilise et développe le savoir autochtone et cumulatif, les outils règlementaires et les engagements de conservation du Canada pour réduire de façon mesurable la pollution par le bruit sous-marin. Nous avons besoin d’établir des seuils de bruits basés sur les limites biologiques, des cibles régionales pour les paysages acoustiques bruyants et calmes, et une surveillance normalisée soutenue par l’application règlementaire. Faisons bien les choses, avant qu’il ne soit trop tard. »
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À propos du WWF-Canada
Le WWF-Canada s’engage à prendre des mesures de conservation équitables et efficaces qui permettent de restaurer la nature, de renverser la perte d’espèces et de lutter contre la crise climatique. Nous nous appuyons sur des analyses scientifiques et sur les recommandations des Autochtones pour nous assurer que tous nos efforts sont liés à un seul objectif : un avenir où les espèces, la nature et les humains vivent en harmonie. Pour en savoir plus, visitez le wwf.ca/fr