Les fleurs du printemps sont pour les oiseaux et les abeilles… et les fourmis?
Par Jarmila Becka Lee, Steve Hamel et Ellen Jakubowski
Qu’est-ce qui est plus réjouissant que de voir les premières fleurs au printemps après des semaines de boue et de neige? À mesure que la température se réchauffe et que la saison progresse, différentes couleurs animent notre paysage, ajoutant un kaléidoscope de vivacité dans nos journées.
Les plantes à fleurs peuvent satisfaire notre gout humain pour la beauté, mais d’autres espèces ont des raisons plus pratiques de s’y intéresser. Du papillon de nuit en déguisement à la recherche d’une boisson énergétique à l’armée de fourmis voulant manger plus gras, un éventail d’espèces dépend des plantes indigènes pour se nourrir.
Poursuivez cette lecture et découvrez les espèces que vous pourriez observer ce printemps.
Sanguinaire du Canada + fourmis
La sanguinaire du Canada (Sanguinaria canadensis) est une éphémère hâtive du printemps, ce qui signifie que ses feuilles et ses fleurs sont visibles pour un court temps au début du printemps avant de disparaitre pour le reste de l’année. Sa fleur simple d’un blanc éclatant s’épanouit avant que les grandes feuilles lobées se déploient. Une fois qu’elle a été pollinisée par les abeilles et les mouches ou par elle-même (les parties mâles portant le pollen viennent en contact avec les parties femelle, ce qui donne une autopollinisation si les pollinisateurs n’avaient pas encore effectué le travail), elle développe une capsule allongée pour les semences.
Dans la capsule, chaque graine possède un appendice charnu appelé caroncule. Une fois que les semences sont matures et que la capsule se sépare, les fourmis du genre Aphaenogaster sont attirées par le caroncule gras et riche en nutriments. Les fourmis rapportent les semences à leur nid, où le caroncule leur sert à nourrir les larves. Puis, elles rejettent les graines à l’intérieur ou près du nid, ce qui les sème. La pile de déchets où elles rejettent les graines contient du matériel biologique riche en nutriment, tout juste ce dont les graines ont besoin pour germer.
Au Canada, gardez l’œil ouvert pour la sanguinaire et ses insectes associés du sud-est du Manitoba jusqu’à la Nouvelle-Écosse.
Ancolie gracieuse + colibri roux
L’ancolie gracieuse (Aquilegia formosa) ne pourrait avoir été mieux nommée et on la retrouve communément dans des lieux humides en milieu forestier et dans les prairies alpines et subalpines. Sa fleur suspendue, distinctive, rouge et jaune attire des espèces comme des papillons et le colibri roux (Selasphorus rufus). Ces colibris visitent l’ancolie gracieuse, une de leurs sources préférées de nectar, de la fin du printemps jusqu’au début de l’été. Les fleurs tubulaires de la plante possèdent la forme parfaite pour le long bec et la langue allongée de l’espèce qui rejoint facilement le nectar.
Vous pouvez apercevoir cette ancolie et le colibri qui la fréquente en Alberta, en Colombie-Britannique et au Yukon.
Anémone du Canada + abeilles halictes
L’anémone du Canada (Anemonastrum canadense) a des fleurs blanches attirantes et persistantes, et elle se répand facilement – même à travers la pelouse – ce qui en fait un excellent couvre-sol. Le pollen de l’anémone du Canada est une importante source de nourriture pour plusieurs abeilles indigènes, dont les andrènes et les halictes, de la fin du printemps au début de l’été. Parmi les autres pollinisateurs que la fleur attire, on trouve les syrphes (aussi connues sous le nom de mouches des fleurs).
L’anémone du Canada a une grande aire de répartition au Canada, elle s’étend de la Colombie-Britannique à l’ouest à Terre-Neuve à l’est, et durant les mois les plus chauds, on peut même parfois la retrouver aussi au nord que dans les Territoires du Nord-Ouest.
Monarde fistuleuse + sphynx colibri
Le sphynx colibri (Hemaris thysbe) est un papillon spectaculaire qui ressemble à et se comporte comme un colibri, puisqu’il vole de jour, boit du nectar des plantes des champs et des prairies comme la monarde fistuleuse.
En plus de ce papillon, les fleurs de monarde fistuleuse attirent d’autres papillons, des syrphes (ces mouches qui ressemblent à des abeilles), des guêpes et un éventail d’abeilles, dont des bourdons, des andrènes, des abeilles coucous, des mégachiles et des halictes. Une petite halictes noire appelée Dufourea monardae ou halicte des monardes ne se nourrit que sur la monarde fistuleuse et d’autres fleurs du même genre, Monarda. Les halictes pollinisent autant qu’elles boivent du nectar lors de leurs visites des monardes fistuleuses, alors que certaines guêpes « volent » le nectar en perçant le tube du nectar pour pouvoir boire sans polliniser la plante.
Au Canada, on retrouve la monarde fistuleuse et ses nombreux visiteurs ailés de la Colombie-Britannique jusqu’au Québec.
Vous avez la curiosité de savoir quelles autres espèces visitent les plantes indigènes durant les autres saisons? Lisez notre blogue sur les fleurs d’automne.
Pour donner un coup de main à ces espèces sauvages – et pour les observer près de la maison – essayez de planter des plantes indigènes dans votre cour, sur votre balcon ou dans un espace communautaire près de chez vous. Veuillez visiter wwf.ca/recultiver pour en savoir plus.