Régénérer le territoire secwépemc

Comment la restauration menée par les Autochtones rétablit des écosystèmes incendiés dans le centre de la C.-B.

La restauration forestière menée par les Autochtones en territoire secwépemc

Près de 200 000 hectares du territoire secwépemc près de Kamloops, en Colombie-Britannique, ont brulé durant l’incendie de forêt d’Elephant Hill, en 2017. Le feu a détruit de vastes zones d’habitat forestier et laissé le sol vulnérable à l’érosion et aux glissements de terrain. Dans certaines zones, le sol était tellement calciné que la repousse naturelle des arbres et des plantes était impossible. « Ça a été un moment vraiment traumatisant, se rappelle Angela Kane, présidente de la Secwepemcúl’ecw Restoration and Stewardship Society (SRSS). Certain.e.s membres de notre communauté ont perdu leur maison, leur terre et leur mode de vie. » La SRSS a été fondée en réaction au feu de 2017 par huit communautés secwépemcs qui se sont rassemblées avec la mission de promouvoir une approche collaborative de yecwemínem, soit l’intendance et le gardiennage.

Après l’incendie, le WWF-Canada s’est joint à la SRSS dans un partenariat pluriannuel pour entreprendre plusieurs projets importants, dont le reboisement d’Elephant Hill et d’autres zones affectées par le feu, comme au lac Sparks et au lac Flat, entre autres.

One of the key elements of SRSS’s work to restore a healthy forest ecosystem is planting deciduous trees.

L’approche

Ce projet est mené par des Autochtones et fait progresser les systèmes de connaissances et les approches autochtones en matière de gestion forestière. La SRSS se concentre sur la restauration qui met l’accent sur des objectifs écologiques et culturels, plutôt que des buts économiques, et elle guide ses efforts selon les principes de valeur culturelle et de sécurité alimentaire.

Les enjeux

Un des éléments clés de la restauration de la région en un écosystème forestier en santé et la plantation d’arbres feuillus. « Quand des espèces de feuillus sont en place, nous remarquons que les incendies de forêt ne brulent pas à une température aussi élevée. [Les feuillus] agissent comme un frein au feu : ils aident à ralentir le feu et, dans certains cas, peuvent même aider à arrêter l’incendie selon la quantité d’eau absorbée par ces arbres au moment du sinistre, » dit Angela Kane. La récolte et l’entreposage de semences et de plants de feuillus est un défi et une priorité de la SRSS :

« Il y a peu de gens qui récoltent ces semences. Pour les semences [de feuillus], il faut attendre le bon temps de l’année pour les collecter, puis elles doivent être traitées, séchées, triées et puis entreposées pour leur emploi futur. De plus, elles ne germeront pas toutes. Nous croyons qu’il est capital que nous récoltions nos propres semences si nous voulons avoir accès à ces espèces. Nous sommes en processus de recherche de formation pour nos membres de la communauté pour cette technique, car nous voulons créer notre propre programme de récolte afin de collecter nos propres semences spécifiques à la région; nos semences récoltées seront spécifiques à notre communauté, » explique Angela Kane.

Prochaines étapes

Depuis 2021, la SRSS a planté plus de 500 000 arbres avec l’appui du WWF-Canda, restaurant ainsi plus de 200 hectares d’écosystèmes forestiers affectés par les incendies. Au cours des deux prochaines années, la SRSS plantera un million d’arbres dans le cadre de son objectif croissant de planter dix millions d’arbres par année d’ici 2030.

L’équipe de la SRSS a de grands projets planifiés pour les années à venir. La SRSS prévoit créer son propre programme de collecte et contribuer à une pépinière détenue par des Autochtones qui récoltera et emmagasinera les graines nécessaires à la reforestation du territoire secwépemc. Notre objectif est d’avoir accès à nos jeunes plants, d’avoir un entrepôt réfrigéré et d’avoir notre propre processus de récolte de graines pour que nous ayons tout au même endroit, afin que nous n’ayons pas à nous tourner ailleurs pour avoir accès aux plantes nécessaires à la restauration.

« Notre objectif ultime, c’est l’autosuffisance, » dit Angela Kane.
Bâtir la capacité d’un programme de restauration forestière détenu et géré par des Autochtones est un projet novateur qui servira d’exemple dans le monde sur ce qui peut être accompli quand des peuples autochtones prennent le flambeau de la réalisation des solutions climatiques basées sur la nature. Le WWF-Canada est fier de soutenir le travail de restauration et d’intendance de manière à aussi faire progresser la réconciliation.

Ce travail est généreusement soutenu par Aviva Canada, la Barrett Family Foundation, le gouvernement du Canada à travers le programme 2 milliards d’arbres, Lowe’s, la Peter Gilgan Foundation et la Ronald S. Roadburg Foundation.