Longtemps prisé pour son épaisse couche de gras qui était fondue en huile et mise en barrique, le béluga de l’estuaire du Saint-Laurent a été abondamment chassé. Durant les années 1920, lorsque les stocks de morue ont soudainement diminué, les pêcheurs ont blâmé le béluga du Saint-Laurent. Dans les années 1930, le béluga a fait l’objet d’un programme d’extermination (bombardements aériens, primes, récompenses, distribution d’armes) par le gouvernement du Québec, car on pensait que l’animal nuisait aux pêcheries. Le programme s’est arrêté lorsque les premières études sur le béluga du Saint-Laurent ont montré qu’il ne se nourrissait pas d’espèces d’intérêt commercial. À la fin des années 1970, la population avait chuté dramatiquement. Avant 1885, on dénombrait jusqu’à 10 000 bélugas dans l’estuaire et le golfe du Saint-Laurent. Dans les années 1980, lorsqu’un suivi régulier a débuté, on estimait la population à environ 1000 individus. On observe un lent déclin depuis le début des années 2000, avec une estimation d’environ 900 individus en 2012. La chasse a été interdite en 1979.
Bien que le béluga du Saint-Laurent ait été ajouté à la liste de la LEP en tant qu’espèce menacée en 2005, une stratégie de rétablissement – comprenant un plan de protection de l’habitat essentiel correspondant à son aire de répartition estival - n’a cessé d’être reportée au-delà de la date limite de 2007. Ce n’est qu’en 2012 que l’habitat essentiel fût finalement identifié et que la stratégie de rétablissement fût publiée. Toutefois, la protection légale de la région a été retardée jusqu’en 2016. Le béluga du Saint-Laurent a été reclassé parmi les espèces en voie de disparition en 2017. Un habitat sécuritaire et sans perturbation est essentiel pour les baleines. Les menaces sont continues et croissantes, notamment les bélugas ingèrent des contaminants dans leur alimentation, les changements climatiques affectent leur aire de répartition, le transport maritime et la pollution sonore perturbent les déplacements.
Le plumage brun pâle, gris et blanc du pluvier siffleur le rend difficile à repérer lorsqu’il cherche sa nourriture le long des vagues ou lorsqu’il niche à l’arrière des plages. Lorsque les baigneurs sur les plages ainsi que leurs animaux perturbent les nids, les oiseaux prudents les abandonnent. Plus d’humains sur les plages, plus de chalets en bordure de l’eau et d’autres modifications du paysage ont malmené les populations de pluviers siffleurs au Canada, et dans ses aires d’hivernage sur la côte dans le sud des États-Unis. Dans les prairies, l’agriculture est un stress constant et croissant.
Le tiers de la population reproductrice mondiale se trouve au Canada, mais son nombre a chuté de plus de 25 % depuis 1970. Le pluvier siffleur a été inscrit à la liste du LEP en tant qu’espèce menacée en 2003. La stratégie de rétablissement a été finalisée en octobre 2006. Au cours des dernières années, un petit nombre d’oiseaux de cette espèce est retourné nicher dans la région des Grands Lacs pour se reproduire. Ils avaient auparavant disparu de cette région en tant qu’espèce reproductrice. Avant que le pluvier ne soit pris en charge par le programme fédéral, les efforts en conservation afin de sauver et rétablir les espèces étaient déjà en cours. L’éducation et sensibilisation faites aux propriétaires terriens et aux baigneurs ainsi que l’introduction de programme de protection des nids et de petits avec des enclos contre les prédateurs compensent pour certains des déclins causés par la perturbation de leur habitat. Le pluvier siffleur est aujourd’hui devenu dépendant de mesures de conservation.
Les troupeaux de caribous toundriques paissent et voyagent à travers les vastes territoires arctiques, leurs parcours les menant entre les terres d’hivernages de la forêt boréale du Nord et leurs aires de reproduction traditionnelles dans la toundra. Génération après génération, les troupeaux retournent aux mêmes endroits pour la mise bas. Plus de deux millions de caribous étaient recensés en Arctique au début des années 1990, mais la population totale est maintenant estimée à environ 800 000. Plusieurs troupeaux parmi les plus nombreux ont diminué de plus de 90 % de leurs nombres historiques. En 2016, le COSEPAC inscrivait le caribou toundrique sur la liste des espèces menacées.
Les changements climatiques affectent l’Arctique plus rapidement que n’importe quelle autre région dans le monde. L’augmentation et le débalancement de la température provoquent des épisodes de pluie de plus en plus fréquents et hors saison. La pluie gèle au sol, recouvre le lichen et les autres plantes, ce qui a comme effet d’empêcher les caribous d’atteindre leur principale source de nourriture. Par ailleurs, ce déséquilibre climatique ouvre le territoire à de nouvelles opportunités pour l’industrie minière, touristique et de transport, entre autres, ce qui peut perturber les aires de mise-bas ou entraver les corridors de migration. L’accès à la nourriture devient difficile lorsque le nombre d’individus s’avère dangereusement bas. Le gouvernement du Nunavut – lieu de la plupart des aires de mise bas – développe un plan global d’aménagement du territoire qui trace la voie pour le développement et la conservation du territoire.
Ce renard dont la taille est comparable à celle d’un chat élisait autrefois domicile dans les pâturages du sud des Prairies canadiennes. Depuis, 80 % du territoire a été converti à une utilisation agricole intensive. En plus de perdre leur habitat, les renards véloces ont aussi été victimes de piégeage et d’empoisonnement par certains propriétaires terriens.
La dernière observation d’un renard véloce à l’état sauvage était en 1938. En 1973, des renards véloces ont été transportés des États-Unis pour un programme d’élevage en captivité. La réintroduction de l’espèce à l’état sauvage en Saskatchewan et dans le sud de l’Alberta débuta 10 ans plus tard. Après avoir été considérée comme disparue (éteinte localement) en 1978, la population de renards véloces a augmenté de 647 en 2009. (Cependant, l’élevage en captivité n’est pas toujours fructueux : un tiers des efforts de réintroduction d’espèces échoue.) Même si le statut du renard véloce est passé d’en voie de disparition à menacé en vertu de la LEP en 2012, la population actuelle de renard véloce occupe seulement 3 % de son étendue précédente.
Dans les bas-fonds des lacs et rivières, l’énorme esturgeon jaune, qui peut vivre jusqu’à 100 ans, parcourt les fonds à la recherche de larves d’insectes, d’escargots et d’écrevisses. Gracieux et couvert de larges plaques osseuses, le plus grand poisson d’eau douce au pays a surmonté toutes les menaces jusqu’à maintenant. Après des décennies de surpêche commerciale ainsi que la construction de barrages hydroélectriques, les populations d’esturgeon jaune ont décliné et ont même complètement disparu dans certaines régions. Ce sont des poissons lents à se reproduire : la femelle esturgeon jaune fraye une fois tous les quatre à six ans, alors que le mâle fraye tous les deux à sept ans. Huit populations ont été évaluées en péril par le COSEPAC en 2007, incluant les populations en voie de disparition de la rivière Nelson et de l’ouest de la baie d’Hudson. Une recommandation pour ajouter ces populations à la liste a été soumise à une consultation, consultation qui a été prolongée jusqu’en 2012. À l’été 2017, la décision n’a toujours pas été prise et l’esturgeon jaune demeure sans protection dans la LEP. Une étude récente affirme que sa valeur économique pour la pêche commerciale expliquerait ce retard dans la décision de l’ajouter à la liste de la loi.