Rio+20, sur la voie de la durabilité

Kyle Empringham, texte écrit pour le  Programme des Nations Unies pour l’environnement.
On a tous joué à ce jeu un jour ou l’autre : « Que feriez-vous si vous étiez le dirigeant de la planète? » Ma réponse est claire, je ne voudrais pas du poste! Blague à part, force est de constater que les formidables enjeux planétaires liés à l’environnement sont fondamentalement locaux. Il est bien sûr indispensable que les questions entourant les ressources en eau, le réchauffement climatique et autres enjeux environnementaux fassent l’objet de discussions à l’échelle mondiale, car nous sommes tous concernés, mais il sera tout aussi indispensable, pour arriver à régler les problèmes, que des décisions soient prises à plus petite échelle. Car on ne réglera rien si on ne commence pas par revoir notre approche à la durabilité. Pour ma part, la notion de durabilité se décline en trois volets – social, économique et écologique. Comme la théorie des ensembles, les trois volets doivent s’imbriquer l’un dans l’autre pour définir l’idéal de durabilité. Évidemment, nous n’en sommes pas là. Au contraire, trop de décisions sont prises qui ne sont suivies d’aucune pratique durable. Les sociétés tendent à accorder plus de valeur à la dimension économique de leurs décisions, et à en négliger les impacts sociaux et écologiques. La faiblesse de cette approche c’est de ne pas tenir compte du fait que nous devons tabler sur tous les volets de la durabilité pour assurer à nos communautés la capacité de survivre et s’épanouir.
L’on accorde trop souvent plus d’importance à la dimension économique dans le processus décisionnel qu’aux facteurs sociaux et environnementaux. Or, pour traverser le prochain siècle, notre planète aura bien besoin que l’on accorde une importance égale aux trois grands piliers de la durabilité, soit quelque chose comme : la Société, l’Environnement et l’Économie

Voilà une approche plus intéressante, qui accorde une égale importance aux dimensions économique, environnementale et sociale dans le processus décisionnel. Nous savons que les services écosystémiques produits par l’écologie de notre planète valent des billions de dollars et nous fournissent ce dont nous avons besoin pour survivre.
Nous savons aussi qu’une économie stable est nécessaire pour procurer biens et services aux populations. Et nous savons sans aucun doute que le bien-être de la société – bonnes conditions d’une vie heureuse – est très important. Il m’apparaît évident que ces trois concepts sont intrinsèquement liés, et qu’ils doivent être pris en compte dans la préparation de la prochaine décennie. Lorsque les décideurs entreprendront les négociations au sommet de Rio+20, il faudrait que les plans d’action adoptés aident les pays à opérer le virage vers une durabilité à trois volets égaux, comme dans le deuxième diagramme.
Heureusement, il semble que la conférence mettra le cap dans la bonne direction, car il est prévu que des discussions se tiennent en vue d’élaborer une série d’Objectifs de développement durable (ODD). Les 17 objectifs envisagés couvrent un vaste éventail de domaines, de la biodiversité et des énergies propres aux questions fondamentales de santé et aux cités vertes. En se donnant un tel cadre de travail, les nations comprendront mieux comment adapter leur propre plan d’action pour un siècle durable. Il est important de comprendre que toutes les solutions aux problèmes environnementaux de la planète ne découleront pas de ces ODD. De fait, je crois qu’il faudra implanter toute une série de projets à divers échelons – gouvernements, entreprises,  consommateurs – pour relever efficacement les défis qui nous attendent. Je crois également que nous devrons implanter de nouvelles pratiques – la comptabilisation du carbone notamment. De même que nous avons appris à calculer nos dépenses et nos calories, nous serons davantage conscients de la quantité de carbone que nous consommons, ce qui est primordial pour bien comprendre notre empreinte sur l’environnement, et comment nous influons donc sur l’économie et la société.
Je vous invite donc tous à suivre le déroulement de la conférence du 20 au 22 juin prochain. Les discussions qui s’y tiendront seront déterminantes en ce qui touche à l’évolution de la prochaine décennie au chapitre de l’environnement, de l’économie et de notre avenir à tous.
Kyle Empringham est l’un des 10 blogueurs environnementaux choisis par le Programme des Nations Unies pour l’environnement.