Une évaluation environnementale erronée du forage au large de Terre-Neuve-et-Labrador met en péril les écosystèmes marins

Des groupes environnementaux entament des poursuites à l’encontre du gouvernement fédéral.

ST. JOHN’S, Terre-Neuve – Des groupes environnementaux entament des poursuites contre le gouvernement fédéral pour ne pas avoir évalué adéquatement les impacts des forages exploratoires de pétrole et de gaz au large de Terre-Neuve-et-Labrador. C’est la première Évaluation régionale (ÉR) à être réalisée en vertu de la Loi sur l’évaluation d’impact.

La requête présentée par les avocats d’Ecojustice au nom du Ecology Action Centre, de la Fondation Sierra Club Canada et du Fonds mondial pour la nature (WWF-Canada) allègue que l’Agence d’évaluation d’impact du Canada s’est basée sur un rapport d’évaluation incomplet pour accélérer le forage exploratoire dans la région. Les organisations visent à empêcher le gouvernement d’exempter les activités similaires d’une évaluation d’impact et d’ainsi créer un dangereux précédent pour les futures ÉR au pays.

En février 2018, le gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador a annoncé son plan pour accroître la production pétrolière et permettre le forage de plus de 100 nouveaux puits exploratoires en mer avant 2030. Certains de ces puits sont proposés dans des aires réservées à la protection de la biodiversité marine. Une Évaluation régionale, qui a pour but d’évaluer les effets cumulatifs (les effets combinés des toutes les activités passées, présentes et futures potentielles dans la même région), a été conduite pour les forages exploratoires dans la région. Malgré des données significativement insuffisantes, le gouvernement fédéral a décidé de créer des règlements qui exempteront les futurs forages exploratoires dans la région d’une évaluation d’impact environnemental spécifique par projet.

Une augmentation de l’exploration pétrolière et gazière en mer menace directement les écosystèmes et pourrait faire dérailler l’engagement du Canada d’atteindre la cible de zéro émission nette d’ici 2050. Néanmoins, le Comité des ÉR a refusé d’analyser le risque pour l’écologie locale et les effets cumulatifs du forage en mer et a recommandé que l’Office Canada-Terre-Neuve des hydrocarbures extracôtiers la complète. Le gouvernement a aussi refusé de suspendre les projets de forage exploratoire dans une région de l’océan plus grande que la province de l’Alberta jusqu’à ce que les lacunes du rapport aient été comblées.

Le gouvernement a signalé qu’il planifie l’utilisation du processus d’ÉR incomplet pour exempter les futurs projets de forage exploratoire du processus d’évaluation d’impact fédéral plus exhaustif requis par la Loi sur l’évaluation d’impact, sans comprendre le risque émanant d’une telle pratique. L’utilisation de cet exemple incomplet pourrait mettre tout le Canada en péril lors de prochaines ÉR.

Sigrid Kuehnemund, V.-P. Conservation des océans pour le WWF-Canada, a affirmé :
« Il est extrêmement préoccupant que le Comité des ÉR recommande de procéder à l’exploration dans des aires réservées à la protection de la biodiversité marine et celles où les données sont insuffisantes, des aires pour lesquelles le WWF-Canada a milité de longue date pour qu’elles soient exemptées de toute activité pétrolière ou gazière. Un historique de déversements fréquents dans les aires extracôtières montre le besoin de protéger les habitats sensibles et les espèces qui y vivent. Cette décision établit un dangereux précédent, tant pour Terre-Neuve-et-Labrador que pour le reste du Canada. Les aires sensibles, et celles pour lesquelles les données manquent, requièrent des évaluations d’impact spécifiques à chaque site, et les aires protégées doivent demeurer à l’écart de tout développement industriel. »

James Gunvaldsen-Klaassen, avocat chez Ecojustice, a affirmé :
« La nouvelle Loi sur l’évaluation d’impact a été mise en place pour protéger l’environnement, améliorer le processus d’évaluation et rendre les décisions plus transparentes. Une des premières actions du gouvernement en vertu de cette loi a été d’exempter d’évaluation une augmentation significative de l’exploration pétrolière dans des zones extracôtières écologiquement importantes à Terre-Neuve-et-Labrador, durant une période d’urgence climatique. Exempter le forage exploratoire d’étude écologique va à l’encontre de l’intendance environnementale et de la prise de décision éclairée.

« Nous entamons une poursuite parce que les Canadien.ne.s de tout le pays devraient pouvoir avoir confiance en la capacité de leur gouvernement de suivre ses propres règlements pour s’assurer que les projets, dont le forage exploratoire pétrolier extracôtier, se réaliseront seulement s’ils passent une évaluation adéquate et que leurs effets sur l’environnement sont pris en compte comme il se doit. »

Jordy Thomson, coordonnateur de la conservation et de la science maritime au Ecology Action Centre, a affirmé :
« En période de crises climatique et de la biodiversité, il est inacceptable que notre gouvernement fédéral crée des règlements basés sur des évaluations erronées dans le but de réaliser plus rapidement des projets d’extraction nuisibles. Cette première évaluation régionale de ce nouveau format établit un précédent extrêmement dangereux pour notre pays et risque d’entraîner des dommages à long terme à la biodiversité marine dans nos eaux productives de l’Atlantique en permettant, par exemple, le forage dans des aires sensibles et protégées. Nous entamons cette poursuite pour nous assurer que le gouvernement prenne le temps nécessaire et se recentre sur l’importance de fournir une protection environnementale ferme. »

Gretchen Fitzgerald, Directrice des programmes nationaux à la Fondation Sierra Club Canada, a affirmé :
« Ce règlement et cet empressement à mener des forages nous entraîne dans une direction contraire aux engagements climatiques du gouvernement. Étant donné le récent historique de déversements et d’accidents au large de Terre-Neuve, les risques de déversements et même d’éruptions de forage est tout simplement trop élevé pour lancer une centaine de nouveaux puits maintenant. La prospection sismique et le bruit issu du forage menacent un habitat fertile pour les baleines et la vie océanique. Les enjeux sont trop grands pour laisser vivre ce règlement et l’évaluation incomplète sur laquelle il est basé. »

RESSOURCES
Avis de demande (en anglais)
Carte des scénarios de forage dans les aires protégées
 
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À PROPOS :

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