Les résultats du rapport provisoire d’Évaluation régionale sur le forage exploratoire pétrolier et gazier jugés « inadéquats » par le WWF-Canada

Le forage dans les aires marines sensibles perturbera les espèces de Terre-Neuve-et-Labrador et accentuera les dérèglements climatiques.

ST. JOHN’S, T.-N.-L.  24 janvier 2020

Le Fonds mondial pour la nature (WWF-Canada) est sérieusement préoccupé par l’Évaluation régionale (l’Évaluation) du forage exploratoire extracôtier pétrolier et gazier à l’est de Terre-Neuve-et-Labrador publié ce mercredi par l’Agence d’évaluation d’impact du Canada (AÉIC).
 
Les impacts n’ont pas été évalués avec la méthode scientifique appropriée et les commentaires des parties impliquées n’ont pas été incorporés de façon significative dans les recommandations du rapport provisoire pour les 735 000 km2 de la région à l’étude, qui est plus vaste que l’Alberta. Le rapport ne recommande nullement l’interdiction de forage exploratoire dans les aires protégées sensibles et ne considère aucunement les impacts climatiques de décennies d’extraction et de combustion accrue du pétrole.
 
Une des recommandations présentées au ministre affirme que le forage exploratoire dans la région étudiée devrait être exempté d’évaluation d’impact pour projet spécifique si ce forage rencontre un certain ensemble de conditions. L’Évaluation n’a pas non plus considéré adéquatement l’impact des effets cumulés, soit les changements environnementaux qui résulteront des multiples activités à long terme.
 
Le WWF-Canada est en désaccord avec les recommandations du processus de l’Évaluation.
 
« Il est préoccupant que le rapport provisoire d’Évaluation recommande que l’exploration s’effectue dans des régions présentant des données insuffisantes et d’autres qui ont été destinées à la protection de la biodiversité marine, des régions pour lesquelles le WWF-Canada défend depuis des années sa position d’interdiction totale d’activités pétrolières et gazières, » a affirmé Sigrid Kuehnemund, vice-présidente, Océans, du WWF-Canada. « Les fréquents déversements dans les régions extracôtières prouvent que le risque encouru par les espèces fragiles qui y vivent est bien réel. Les régions sensibles et où les données manquent devraient au minimum faire l’objet d’évaluations d’impacts spécifiques, et les aires protégées devraient demeurer interdites au développement. »
 
Le gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador a annoncé des initiatives pour encourager le forage d’un nombre approchant la centaine de nouveaux puits exploratoires dans la région d’ici 2030, ce qui triplerait la production de pétrole de la province. Il est donc impératif que l’Évaluation considère aussi les impacts du développement anticipé sur la capacité du Canada de remplir ses engagements de l’Accord de Paris pour rester sous le 1,5 °C de réchauffement.
 
« L’Évaluation a écarté les impacts climatiques potentiels du forage exploratoire, mais nous savons qu’il peut mener à la production, » soutient Mark Brooks, spécialiste sénior, Pétrole et gaz, Arctique, au WWF-Canada. « Le comité n’a pas considéré les impacts climatiques de l’extraction et de la combustion du combustible fossile produit. Le développement rendra pratiquement impossible l’atteinte par Terre-Neuve-et-Labrador de ses cibles de réduction des émissions. »
 
Puisque cette Évaluation est la première à être conduite sous le régime de la nouvelle Loi sur l’évaluation d’impact entrée en vigueur l’an dernier, elle pourrait établir un précédent sur la façon dont les prochaines évaluations régionales sont réalisées au pays.
 
Le rapport implique clairement que davantage de préparation est nécessaire avant que d’autres puits soient forés dans la région à l’étude. La recommandation de créer un nouveau comité de contrôle montre l’incertitude de l’information recueillie jusqu’à maintenant. Évaluer les effets cumulatifs était « un défi d’une complexité intrinsèque », l’évaluation adéquate des risques « dépassait les ressources disponibles », et l’expertise scientifique requise du gouvernement fédéral « n’était pas disponible ou accessible pour appuyer le travail du Comité. »
 
Le WWF-Canada recommande que le ministre de l’Environnement et du Changement climatique s’engage à approfondir les recherches avant d’exempter des projets de forage exploratoire d’évaluation d’impact, compte tenu des failles évidentes de ce rapport et des lacunes avouées dans les données, et que le développement soit écarté dans des régions où doivent être protégés des habitats et des espèces sensibles.
 
Le dépôt du rapport le 23 janvier 2020 correspond à l’ouverture d’un registre de commentaires publics pour une durée de 30 jours
 
À propos des évaluations régionales :
Le but d’une évaluation régionale est de conduire une étude exhaustive des risques potentiels et des menaces auxquels sont soumis des éléments valorisés, tel que l’environnement, qui subiront l’impact d’un certain type de projet à un niveau régional; dans le cas présent, il s’agit des impacts de tout forage pétrolier ou gazier exploratoire dans une vaste région extracôtière de Terre-Neuve-et-Labrador, incluant des eaux dépassant les limites du territoire marin canadien. Une telle évaluation peut préapprouver certains types d’activités si elles rencontrent un ensemble de conditions, ce qui signifie que des compagnies pétrolières et gazières n’auraient pas besoin de réaliser d’évaluation environnementale spécifique pour forer des puits exploratoires.
 
À propos du Fonds mondial pour la nature (WWF-Canada)  
Le WWF propose des solutions aux grands défis de conservation qui nous tiennent tou.te.s à cœur. Nous menons des projets dans des lieux uniques et de grande valeur environnementale afin que la nature et les humains cohabitent en toute harmonie. wwf.ca/fr   
 
Pour plus de renseignements :  
Laurence Cayer-Desrosiers, Spécialiste communications et événements | WWF-Canada  
[email protected] | 514-703-2409