Les espèces en péril ne doivent pas être livrées aux entreprises

Océan

TORONTO, le 14 février 2019 – En amenuisant la protection contre les activités nuisibles étant à l’origine du déclin des espèces, le réexamen, par le gouvernement de l’Ontario, de la Loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition, pourrait accroître la menace qui plane sur les espèces animales et végétales particulièrement vulnérables dans la province. C’est ce qu’affirment la Fondation David Suzuki, Ecojustice, Earthroots, Environmental Defence, Greenpeace Canada, Ontario Nature et le Fonds Mondial pour la nature (WWF-Canada).

La plupart des 243 espèces en péril de l’Ontario figurent sur la liste en raison du rétrécissement de leur habitat et des perturbations causées, en grande partie, par l’absence de limites aux activités et au développement industriels. À cause d’un règlement adopté en 2013, de nombreuses industries sont exemptées des restrictions actuelles de la LEVD, y compris l’industrie forestière qui n’a, plus souvent qu’autrement, pas eu à respecter les interdictions incluses dans la loi.

À l’occasion du 10e anniversaire de la LEVD, le gouvernement a partagé un document de travail au sein du Registre environnemental de l’Ontario, lançant une période de consultation de 45 jours. Bien que le document ait pour but de générer des « résultats positifs » pour les espèces en péril, il met l’accent sur l’amélioration de « l’efficacité pour les entreprises ».

Le gouvernement prétend vouloir réduire les obstacles au développement économique. Mais une trop grande importance attribuée à l’amélioration de l’efficacité industrielle pourrait livrer les espèces en péril de l’Ontario (ainsi que notre patrimoine naturel) à des menaces encore plus grandes. Un affaiblissement supplémentaire de la loi pourrait pousser bon nombre de ces espèces au bord du gouffre.

Les Ontarien.ne.s ont jusqu’au 4 mars 2019 pour donner leur avis sur le réexamen de la LEVD.

Les représentant.e.s de divers groupes tels que la Fondation David Suzuki, Ecojustice, Earthroots, Environmental Defence, Greenpeace Canada, Ontario Nature et le Fonds mondial pour la nature (WWF-Canada) ont publié les déclarations suivantes :

Rachel Plotkin, gestionnaire des campagnes scientifiques ontariennes à la Fondation David Suzuki
« La Loi sur les espèces en voie de disparition exempte la plupart des activités industrielles de ses interdictions, y compris les restrictions sur la destruction des habitats. En voulant rééquilibrer, on déséquilibre puis on recule. Nous devons nous donner pour objectif d’imposer des restrictions plus sévères en matière d’activité industrielle, afin de lutter contre le rétrécissement et la dégradation des habitats, causes principales du déclin des espèces ici et dans le monde. Nous avons besoin que les Ontarien.ne.s prennent la parole pour exiger la protection des espèces, tout comme ils.elles l’ont fait pour le projet Greenbelt. Nous devons montrer au gouvernement qu’il a le devoir de veiller sur le peuple que ce peuple inclut justement nos espèces! »

Gord Miller, président d’Earthroots et ancien Commissaire à l’environnement de l’Ontario
« Le vrai problème de la Loi sur les espèces en voie de disparition est l’incapacité totale du gouvernement ontarien à prendre et assumer ses responsabilités comme il se doit. Les promoteur.rice.s se plaignent de devoir attendre pour l’obtention d’un permis qui les exempte des interdictions de nuire aux espèces et d’endommager les habitats. Pourtant, le ministère n’a jamais refusé un seul de ces permis, peu importe le.la candidat.e ou la situation. »

Sue Tan, avocate chez Ecojustice
« Dans la décennie qui a suivi l’adoption de la LEVD en Ontario, les intérêts de l’industrie ont nettement primés sur la protection des espèces. L’industrie forestière a, pour n’en nommer qu’une seule, largement bénéficié d’exemptions en ce qui concerne les activités nuisant précisément et le plus souvent aux espèces menacées. Le but premier de la LEVD est de protéger les espèces, ce qui semble incompatible avec la volonté du gouvernement de modifier sa loi pour garantir « l’efficacité » des entreprises. Les groupes environnementaux craignent que le réexamen de la LEVD n’érode davantage la protection des espèces en péril ciblées par la loi. L’annonce d’un tel examen survient tout juste un mois après l’abandon du programme de surveillance environnementale du gouvernement, et ce n’est là qu’une de ses nombreuses décisions anti-environnementales. »

 Tim Gray, directeur exécutif d’Environmental Defence
« Le peuple ontarien s’attend à ce que son gouvernement protège les espèces en voie de disparition. Il est clair que les citoyen.ne.s et l’industrie ont tous prospéré lorsque les besoins des espèces en voie de disparition ont été satisfaits. Reculer serait néfaste pour les espèces, la communauté et l’économie. »

Reykia Fick, chargé des campagnes forestières à Greenpeace Canada
« Avec l’effondrement mondial de populations d’espèces poussées au bord du gouffre, il est incroyablement irresponsable, de la part du gouvernement, de proposer l’affaiblissement des mesures de protection des espèces en péril de l’Ontario. Nos espèces animales et végétales vulnérables ne s’en trouveraient qu’encore plus menacées. Les Ontarien.ne.s ne peuvent tolérer une telle situation. »

Caroline Schultz, directrice générale d’Ontario Nature
« Les options proposées par le Ministère de l’Environnement, de la Protection de la nature et des Parcs mineraient les principaux acquis de la loi : l’inscription des espèces fondée sur la science (dont les connaissances traditionnelles autochtones) ainsi que la protection obligatoire des espèces inscrites et de leurs habitats. C’est un exemple, parmi tant d’autres, de la vision à court-terme du gouvernement dans sa déréglementation environnementale qui menace nos richesses biologiques afin de remplir les poches de l’élite corporative. Les options proposées ne feraient que faciliter le rasage et l’asphaltage des habitats vulnérables. Cette déréglementation à outrance menace nos valeurs, notre prospérité et le destin des espèces en péril. »

James Snider, Vice-président, Sciences, recherche et innovation, WWF-Canada
« Depuis l’adoption de la Loi sur les espèces en voie de disparition, les pressions exercées sur les habitats n’ont cessé d’augmenter et la liste des espèces menacées n’a, quant à elle, jamais cessé de s’allonger. Les lois en vigueur n’en font pas assez pour assurer la protection de nos espèces. Les exemptions de 2013 n’ont fait que faciliter la détérioration des habitats. Nous devons renforcer les mesures protection des espèces en péril au lieu de les affaiblir davantage. »

Qui nous sommes
La Fondation David Suzuki (davidsuzuki.org) est un organisme canadien à but non-lucratif de premier plan dans le domaine de l’environnement, qui collabore avec tou.te.s les Canadien.ne.s, gouvernements et entreprises afin de préserver l’environnement et de trouver des solutions durables par la recherche scientifique, la mobilisation du public et le travail juridique. Établie à Montréal, à Toronto et à Vancouver, la Fondation exerce ses activités en français comme en anglais.

Earthroots est un organisme communautaire dédié à la conservation et à la protection de la nature, des espèces ainsi que des bassins versants de l’Ontario. En combinant des stratégies de campagnes communautaires à des programmes efficaces en recherche et en éducation, nous aidons chaque année des milliers de Canadien.ne.s à exiger une meilleure protection de l’environnement de même que la réalisation de succès de conservation.

Ecojustice est l’organisme de bienfaisance canadien le plus important dans le domaine des lois environnementales. Il va en justice pour défendre la nature, lutter contre les changements climatiques et exiger un environnement à la fois sain et bénéfique pour tou.te.s.

Environmental Defence est l’organisme canadien le plus efficace en matière d’action environnementale. Nous inspirons et suscitons le changement au sein des gouvernements, des entreprises et de la population en vue d’assurer une vie plus verte, plus saine et plus prospère pour tou.te.s.

Greenpeace existe parce que notre planète est fragile et qu’elle a besoin d’une voix. Elle a besoin de solutions, de changement et d’action. Partout dans le monde, nous nous levons pour défendre nos communautés et demander des comptes aux gouvernements de même qu’aux entreprises. Que ce soit aux urnes ou dans la rue, nous unissons nos forces pour user du vrai pouvoir.

Ontario Nature protège les espèces et les milieux naturels par la conservation, l’éducation et la mobilisation du public. Il lie des milliers de personnes et de communautés à la nature, grâce au pouvoir de 150 groupes environnementaux ainsi que de 30 000 membres et sympathisant.e.s issu.e.s de toute la province de l’Ontario. Pour en savoir plus, visitez ontarionature.org.

Le WWF propose des solutions aux grands défis de conservation qui nous tiennent tou.te.s à cœur. Nous menons des projets dans des lieux uniques et de grande valeur environnementale afin que la nature, les espèces et les communautés puissent cohabiter en toute harmonie. Pour en savoir plus, visitez le wwf.ca/fr.

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