Le transport de GNL en Colombie-Britannique augmenterait radicalement le nombre de baleines tuées selon une nouvelle étude

Des « pertes insoutenables » de rorquals communs et de baleines à bosse projetées chaque année à la suite de collisions avec les navires quand les terminaux seront à pleine capacité en 2030

Victoria, C.-B. — Il est projeté que le transport maritime relié aux terminaux d’exportation de gaz naturel liquéfié (GNL) actuellement en développement à Kitimat, en Colombie-Britannique, augmentera la mortalité des cétacés par collision avec les navires dans la région, selon une étude nouvellement publiée dans Endangered Species Research par les auteur.rice.s de North Coast Cetacean Society (B.C. Whales), de l’Université St. Andrews, de Pêches et Océans Canada, du Fonds mondial pour la nature (WWF-Canada) et de plusieurs autres organisations.

L’étude révisée par les pairs, publiée aujourd’hui, prédit que deux rorquals communs et dix-huit baleines à bosse perdraient la vie chaque année par collision avec les navires, une grande augmentation par rapport à ce qui est estimé actuellement, soit moins d’un rorqual commun et de trois à quatre baleines à bosse. Ces pertes seraient considérées insoutenables et renverseraient le rétablissement des deux populations dans la région.

La plus grande source unique de risque de mortalité pour les baleines de la région vient du projet de LNG Canada, qui devrait accroitre le trafic maritime de façon draconienne dans la région. Les modèles indiquent que d’ici 2030, les collisions baleine-bateau seront multipliées par 30 pour les navires de plus de 180 mètres de long qui empruntent la voie côtière vers Kitimat.

Les rorquals communs, la deuxième plus grande créature sur la planète et l’espèce la plus souvent frappée et tuée par les navires commerciaux, ne sont revenus que récemment dans leur habitat côtier qui sera bientôt traversé par les méthaniers. Si leurs populations se rétablissent lentement, les rorquals communs du Pacifique et les baleines à bosse sont toujours sur la liste de la Loi sur les espèces en péril (LEP), avec des statuts respectifs de « menacé » et « préoccupant ».

« Il est très difficile de prévoir les collisions avec les bateaux. Il y a des douzaines de facteurs en jeu lorsque les baleines et les navires interagissent, et il y a encore beaucoup de questions sans réponse. Notre but était de prendre ce que nous savons en ce moment, puis d’utiliser les meilleures bases de données disponibles pour voir ce que les modèles prédiraient. Notre étude montre que lorsque le trafic méthanier arrivera, les populations de baleines de la région déclineront, » explique Eric Keen, auteur principal de l’article et professeur à l’Université South (Sewanee) et directeur scientifique à la North Coast Cetacean Society.

An injured whale in the water photographed from above
Moon, une baleine à bosse souffrant d’une grave blessure à la colonne vertébrale, probablement à la suite d’une collision avec un navire © North Coast Cetacean Society

Cet article, fruit d’une collaboration pluriannuelle et employant une nouvelle méthodologie, est le premier à quantifier le nombre de décès potentiels de baleines dans la région. Il est basé sur des sources de données disponibles et une approche modélisante, l’utilisation des bases de données du Système d’identification automatique (SIA), des relevés de transects en ligne, la surveillance depuis le rivage, les balises portées par les baleines, des suivis focaux aériens par drones et des simulations itératives.

« Ces pertes prédites viennent d’une approche revue par les pairs, qui utilise les meilleures données disponibles, mais nous espérons vraiment que les données soient erronées dans ce cas. La perte d’autant de rorquals communs et de baleines à bosse empêcherait le rétablissement de ces populations et réduirait leur nombre localement, » dit Janie Wray, p.-d. g. de la North Coast Cetacean Society, qui étudie les baleines de la région depuis plus de 25 ans et est une des coautrices de l’article.

Les prédictions de l’étude sont terribles, mais ne représentent pas une conclusion définitive si des actions sont prises pour atténuer les risques de collision avec les navires. La mesure d’atténuation la plus efficace identifiée par l’étude est une restriction saisonnière des passages dans les zones sensibles. Une réduction de la vitesse réduirait également les risques, particulièrement en rapport avec les collisions avec les grands navires.

« À la lumière des constats de l’étude, le besoin d’agir est évident. La responsabilité revient au gouvernement et à l’industrie de s’assurer que l’intensification du trafic maritime commercial dans la région ne renverse pas le rétablissement de ces populations de cétacés. Les gouvernements doivent réexaminer les conditions du projet et mettre en place des mesures efficaces qui réduisent le risque de mortalité des baleines par le transport de GNL avant qu’il ne commence, » affirme Hussein Alidina, spécialiste principal du WWF-Canada pour la conservation marine et coauteur de l’article.

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À propos du WWF-Canada
Le WWF-Canada s’engage à prendre des mesures de conservation justes et équitables qui permettent de restaurer la nature, de renverser la perte d’espèces et de lutter contre les dérèglements climatiques. Nous nous appuyons sur des analyses scientifiques et sur les recommandations des Autochtones pour nous assurer que tous nos efforts sont liés à un seul objectif : un avenir où les espèces, la nature et les humains vivent en harmonie. Pour en savoir plus, visitez le wwf.ca/fr 

À propos de la North Coast Cetacean Society
La North Coast Cetacean Society – (NCCS) a été fondée en 2001 et est une organisation de bienfaisance à but non lucratif de recherche sur les baleines ayant accumulé 22 ans de dévouement envers la recherche, l’éducation et la protection des baleines en partenariat avec les communautés autochtones le long des côtes centrale et nord de la Colombie-Britannique.