L’approbation de Bay du Nord démontre un manque de considération pour les écosystèmes marins vulnérables, selon le WWF-Canada

Le site de forage pétrolier et gazier extracôtier prévu est au cœur d’une zone d’importance écologique et biologique

St. John’s, Terre-Neuve-et-Labrador, 6 avril 2022 – Le Fonds mondial pour la nature (WWF-Canada) s’oppose à l’approbation, confirmée aujourd’hui, du projet Bay du Nord d’Equinor, un site de forage de pétrole et de gaz extracôtier situé dans une zone d’importance écologique et biologique au large des côtes de Terre-Neuve-et-Labrador, qui aura des effets dévastateurs sur la nature et le climat.

Le secteur de la passe Flamande, qui se situe à 500 kilomètres au large de St. John’s, abrite une foisonnante vie marine, notamment des millions d’oiseaux de mer et des poissons, tortues de mer et baleines en voie de disparition. Le projet approuvé aujourd’hui par Steven Guilbeault, ministre de l’Environnement et du Changement climatique, vise à introduire dans ce milieu marin vulnérable une infrastructure qui produira des centaines de millions de barils de pétrole au cours de sa durée de vie de 30 ans. Un déversement majeur pourrait libérer des millions de litres de pétrole dans l’Atlantique Nord, décimant probablement les écosystèmes marins et les espèces, et ruinant le potentiel actuel et futur des pêches.

Il serait pratiquement impossible de réaliser un nettoyage efficace dans cette région éloignée connue pour ses conditions météorologiques extrêmes. Il n’est pas requis de conserver, à proximité de ce projet, l’équipement nécessaire pour boucher un puits en éruption; et cela pourrait prendre jusqu’à 36 jours pour expédier, depuis la Norvège ou le Brésil, la pièce qui servirait à coiffer le puits. Le forage d’un puits de secours serait encore plus long, l’estimation allant de 100 à 115 jours, et pendant ce temps un puits hors de contrôle libérerait des millions de litres de pétrole dans l’Atlantique Nord.

Cette décision survient quelques jours à peine après la publication du dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), qui constate que nous n’avons presque plus de temps pour limiter le réchauffement planétaire à 1,5 °C – et que les nouveaux investissements dans le développement et les infrastructures d’énergies fossiles ruinent les efforts de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES). La décision ignore également les conclusions de l’Agence internationale de l’énergie, qui montrent qu’aucune nouvelle exploitation de pétrole, de gaz ou de charbon ne peut être autorisée si le monde veut atteindre la carboneutralité d’ici 2050. On estime que les émissions de GES produites par le projet Bay du Nord au cours de sa durée de vie seraient équivalentes à celles produites par huit nouvelles centrales au charbon.

L’Agence d’évaluation d’impact du Canada a d’ailleurs reconnu que ce projet pourrait avoir des « effets environnementaux négatifs sur des zones spéciales », comme les fermetures de pêches de l’Organisation des pêches de l’Atlantique Nord-Ouest (OPANO) et le refuge marin du talus du nord-est de Terre-Neuve. Pourtant, l’agence a accepté les affirmations d’Equinor selon lesquelles les impacts des accidents et des défaillances – notamment les éruptions sous-marines, comme celle qui a provoqué la marée noire de Deepwater Horizon, la pire de l’histoire des États-Unis – pourraient être atténués. Un examen scientifique ultérieur réalisé par Pêches et Océans Canada a révélé que l’étude d’impact environnemental d’Equinor était « biaisée », contenait des « conclusions inappropriées » et « n’est pas considérée comme étant une source d’information fiable pour les processus décisionnels ».

Sigrid Kuehnemund, vice-présidente, Espèces et industries au WWF-Canada, déclare : « Le WWF-Canada est extrêmement consterné que le Canada approuve un développement pétrolier et gazier extracôtier en eaux profondes aussi important au sein d’écosystèmes marins vulnérables qui ont été réservés pour des fins de protection de la biodiversité. Le fait qu’une décision de cette importance soit fondée sur un processus d’évaluation environnementale sciemment erroné témoigne d’un manque de considération pour les écosystèmes marins dont dépendent les espèces et les pêcheries. Tout déversement en surface ou toute éruption de puits dans cette région serait impossible à contenir ou à récupérer, ce qui aurait un impact négatif sur les habitats, les espèces et l’industrie de la pêche. »

 

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Laurence Cayer-Desrosiers, spécialiste des communications, WWF-Canada
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