Les oiseaux urbains en chute libre

 

Hirondelle bicolore (Tachycineta bicolor). © McDonald Mirabile / WWF-US

Avec plus de 250 espèces d’oiseaux qui nichent et volent partout en ville, Montréal est un véritable point chaud de biodiversité aviaire. L’observation des oiseaux y est d’ailleurs une activité bien répandue, notamment sur le mont Royal, au Jardin botanique et dans les divers parcs-nature. 
Le milieu urbain peut en effet être avantageux pour plusieurs espèces d’oiseauxCeux qui ont une alimentation très variée, tels que les pigeons, les étourneaux et les moineaux, s’adaptent généralement bien en ville. Et ils attirent à leur tour certains oiseaux de proie, comme le faucon pèlerin et l’épervier de Cooper, attirés par leur abondance et par celle des petits mammifères. L’architecture urbaine profite aussi à certaines espèces. On n’a qu’à penser au martinet ramoneur et aux cheminées, ou au faucon pèlerin qui aime être perché en hauteur, sur des tours ou des gratte-ciels. Il arrive même que certains oiseaux, qui normalement migrent, passent l’hiver à Montréal, comblés par la chaleur de la ville.
Mais le milieu urbain pose aussi de sérieuses menaces pour les oiseaux et leur fait subir de nombreux stress, en raison de la perte d’habitats naturels, de la prédation (par nos chats domestiques, notamment) et de la pollution. C’est le thème que l’équipe du WWF-Canada a choisi d’aborder le 19 février dernier, lors du plus récent Café WWF sur la biodiversité.  

Faucon pèlerin © Wild Wonders of Europe / Laurent Geslin / WWF

Les oiseaux insectivores aériens piquent du nez


Tel que leur nom le laisse deviner, les oiseaux insectivores aériens se nourrissent d’insectes en vol. Au Canada, c’est le groupe d’oiseaux qui a subi le plus important déclin depuis les années 70. Les populations d’engoulevents d’Amérique, une espèce qui pond ses œufs directement sur le sol, ont décliné de 68 %. Les populations de martinets ramoneurs, qui nichent dans les arbres creux et les cheminées, de plus en plus rares en milieux urbains, ont chuté de 95 %. Et les populations d’hirondelles de rivages, d’un effarant 98 %.
Quant aux hirondelles à front blanc, des oiseaux sociaux qui nichent en colonies sous des structures humaines comme les ponts, elles ont vu leurs populations chuter de 69 % depuis 1970. D’ailleurs, la plus importante colonie d’hirondelles à front blanc du Québec réside sous l’ancien pont Champlain, une structure qui sera éventuellement détruite. Mais bonne nouvelle : les poutrelles installées sur l’estacade du pont Champlain, 300 mètres en amont, ont maintenant été adoptées par les hirondelles quion l’espèrene seront ainsi pas trop perturbées lors de la destruction du pont. 
Plusieurs raisons peuvent expliquer le déclin des populations d’oiseaux insectivores aériens. La destruction d’habitats, l’épandage de pesticides et d’insecticides – qui affectent autant les systèmes nerveux, immunitaires et reproducteurs des oiseaux que la survie de leur source d’alimentation(les insectes)la destruction des nids par des activités humaines diverses, la pollution lumineuse et la prédation sont parmi les plus importantes.   

Le chat : ce grand et adorable prédateur


Ces fabuleux félins qui ronronnent sur nos genoux et font la sieste au soleil – les chats domestiques – sont la première cause anthropique de mortalité chez plusieurs espèces, avant la destruction d’habitats et les collisions. Originaires du Moyen Orient, les chats sont maintenant présents partout dans le monde, et considérés comme espèce exotique envahissante dans plusieurs milieux. Il y aurait, en zones urbaines, entre 50 et 400 chats au km2. Avec une moyenne de trois proies par chat par an (dont 23 % sont des oiseaux et 68 % des petits mammifères), les chats domestiques tuent approximativement entre 1,3 et 3,7 milliards d’oiseaux par année. 
Le chat aurait ainsi causé l’extinction de plusieurs espèces d’oiseaux en milieux insulairescomme en Nouvelle-Zélande et à Hawaii par exemple. Il serait responsable de la disparition de 63 espèces, dont 33 espèces d’oiseaux, ce qui correspond à 14 % des extinctions au niveau mondial. Heureusement, il existe plusieurs solutions pour encadrer les chats domestiques tout en assurant la protection de l’avifaune :  

  • Observer le comportement de nos chats lorsqu’ils explorent leur territoire, pour comprendre leurs habitudes;
  • Équiper leurs colliers d’une clochette et/ou d’un accessoire coloré plus visible pour les oiseaux;
  • Privilégier les nichoirs non accessibles;
  • Installer un système d’arrosage à déclanchement automatique et répandre des odeurs repoussantes pour les chats (agrumes, marc de café, poivre de cayenne, huiles d’eucalyptus, lavande);
  • Faire stériliser son chat;
  • Le faire vacciner et déparasiter;
  • Apprendre à sortir et promener son chat avec un harnais et une laisse;
  • Ou encore, lui offrir une belle vie stimulante à l’intérieur de notre domicile.

Envie d’en savoir plus sur la biodiversité et les activités du WWF-Canada au Québec? Assistez à notre prochain Café WWF! Au programme le mardi 19 mars prochain : Comment l’agriculture urbaine contribue à la biodiversité. C’est gratuit, mais les places sont limitées. Réservez la vôtre dès maintenant!