Quatre façons de mettre fin au déclin des espèces

La Terre connaît actuellement un déclin de sa biodiversité à un rythme qui n’est propre qu’aux extinctions massives. Mais nous avons le pouvoir de freiner cette tendance, à condition d’agir ensemble et maintenant.
Telles sont les conclusions du plus récent rapport mondial du WWF, qui démontre qu’en moins de 50 ans, les populations mondiales d’espèces vertébrées ont chuté de 60 % en moyenne.
Comme dans le cas des éditions précédentes, cette 12e édition du Rapport Planète vivante documente le déclin des populations d’espèces et sonne l’alarme quant aux effets dévastateurs de la surconsommation et des activités humaines sur les espèces, les forêts, les océans, les lacs et rivières, et le climat.

Caribous de la toundra. © Françoise Gervais
Caribous de la toundra. © Françoise Gervais

Les espèces de chez nous ne font malheureusement pas exception à cette crise de la biodiversité. Notre plus récent Rapport Planète vivante Canada conclut que la moitié des espèces du pays sont en situation de déclin, et que parmi celles-ci, la baisse est de 83 % en moyenne. Toujours selon ce rapport, même les espèces menacées qui sont actuellement protégées par la Loi sur les espèces en péril n’ont pas montré de signes d’amélioration.
La lutte contre le déclin des espèces nécessite une action immédiate de la part des gouvernements, des entreprises et des individus. Voici comment nous pouvons avancer dans la bonne direction :
Intégrer la lutte contre le déclin des espèces à notre vie quotidienne.

  • Faites entendre votre voix à titre de citoyen.ne et de consommateur.trice. Utilisez votre parole et vos choix pour encourager les entreprises et les gouvernements à s’aligner sur des stratégies et des pratiques durables qui seront favorables aux espèces, aux aires protégées et à la lutte contre les changements climatiques;
  • Aidez les espèces au sein de votre milieu et ce, quelle que soit votre nature;
  • Calculez votre empreinte écologique personnelle (anglais seulement) et travaillez à la réduire;
  • Soyez aux premières loges de la survie des espèces, au travail ou sur votre campus (anglais seulement).

Tous les paliers de gouvernement doivent faire ce qui est en leur pouvoir pour protéger nos espèces les plus vulnérables.
Jusqu’à maintenant, les gouvernements se sont montrés hésitants à utiliser certains outils législatifs mis à leur disposition par la Loi sur les espèces en péril, ce qui a engendré la mort de plusieurs individus faisant partie des populations d’espèces les plus vulnérables – comme dans le cas des épaulards résidents du Sud. En collaboration avec d’autres groupes environnementaux, le WWF-Canada a lancé une poursuite contre des ministres canadiens en raison de leur inaptitude à émettre un décret d’urgence visant la protection de ces baleines.

Épaulard et son petit.
Épaulard (Orcinus orca), femelle de trois ans et son petit, à Puget Sound, Washington, États-Unis. © William W Rossiter/WWF

De nouvelles aires protégées doivent aider les espèces de manière efficace.
Les plus récentes études démontrent que les aires protégées peuvent jouer un rôle majeur pour la pérennité des espèces, si nous priorisons leur création là où vivent en plus grand nombre les individus d’espèces menacées. Afin de maximiser son soutien à la biodiversité, le Canada a besoin de réseaux d’aires protégées de grande qualité qui sont susceptibles d’aider le plus d’espèces possibles.
Prendre des mesures pour lutter contre les changements climatiques.
Le Canada s’approche dangereusement d’un réchauffement de 3 à 4°C. Or, certaines récentes décisions provinciales régressives en matière de lutte contre les changements climatiques nous poussent dans une bien mauvaise direction. Le fait de rater notre cible de 1,5°C serait catastrophique pour la nature, les espèces et les communautés les plus vulnérables. Le WWF-Canada demande donc aux gouvernements – entre autres – de rediriger sans tarder les subventions octroyées à l’industrie des combustibles fossiles vers le soutien au développement d’énergies renouvelables favorables aux habitats, de mettre à jour la Loi sur l’évaluation d’impact afin de garantir l’évaluation des nouveaux projets selon un budget carbone strict, et de se concentrer sur la restauration et la protection des forêts, des zones humides et des herbiers marins afin de créer des puits de carbone.
Il reste beaucoup de travail à faire, mais il y a encore des raisons d’espérer. Deux récentes décisions du gouvernement fédéral feront une différence considérable pour les espèces :

  • L’habitat des poissons et d’autres espèces d’eau douce sera mieux protégé sous la nouvelle Loi sur les pêches (adoptée par la Chambre des communes en juin dernier), ce qui aidera à préserver le débit essentiel à la santé des espèces et des systèmes d’eau douce;
  • Les mammifères marins, les poissons-proies et d’autres espèces marines seront mieux protégés lorsque les recommandations du Comité de conseil national sur les normes concernant les aires marines protégées seront intégrées à la législation, soumettant ainsi les aires marines protégées du Canada aux normes internationales qui interdisent, entre autres choses, des activités telles que le développement pétrolier et gazier.
Un macareux moine (Fratercula arctica) avec quelques capelans dans son bec, sur Gull Island, dans la réserve écologique de Witless Bay, Terre-Neuve, Canada. © Frank Parhizgar

Des décennies marquées par le déclin documenté de nos espèces prouvent que nous ne verrons de réel rétablissement que si nous faisons de celui-ci notre priorité, dans l’ensemble des sphères de notre quotidien. Comme société, la somme de nos décisions relatives à l’aménagement du territoire, à l’énergie, aux combustibles, à la pollution et à la consommation déterminera quelles espèces auront une chance de s’en sortir. Ensemble, freinons le déclin de la biodiversité et mettons fin à l’extinction massive des espèces – avant qu’il ne soit trop tard.