Plus important, plus efficace, plus rapide : trois mots qui aideront le Canada à atteindre ses objectifs de protection des océans

Le WWF ne pouvait être plus heureux hier lorsque la nouvelle est sortie à propos de la volonté du Canada d’augmenter la portion d’aires marines et côtières protégées à 5 % d’ici 2017 et 10 % d’ici 2020. C’est un engagement réellement important qui contribuera grandement à la santé des océans et des communautés qui en dépendent.

Pink clouds and mist around an island in Hecate Strait, Gwaii Haanas, British Columbia, Canada
Le détroit d’Hécate est l’une des AMP désignée. © Natalie Bowes / WWF-Canada

Mais comment le Canada pourra-t-il atteindre cet objectif? Nous avons le plus long littoral au monde après tout, ainsi que certains secteurs des eaux internationales de l’Atlantique, du Pacifique et de l’Arctique. C’est donc un objectif ambitieux, mais le WWF est confiant que le Canada y parviendra s’il travaille en collaboration avec les provinces et les territoires, les organisations environnementales et les centres de recherche ainsi que les communautés à travers le pays. Ce qui est primordial est de garder en tête ce mantra : plus important, plus efficace, plus rapide.
Plus important
C’est une grande nouvelle que de savoir que les aires marines protégées (AMP) sont prioritaires dans l’agenda du gouvernement, et qu’elles le sont depuis que la première lettre de mandat ministériel fût publiée en octobre. Mais il reste beaucoup à faire dans un court laps de temps. En seulement cinq ans, le Canada devra protéger 8,7 % de ces océans, ce qui est davantage que ce que nous avons réussi à faire en une décennie.
Pour s’assurer que ce soit fait convenablement, nous devons créer des aires protégées parmi celles proposées actuellement sur toutes les côtes : la Baie Sainte-Anne au Cap-Breton en Nouvelle-Écosse, le détroit d’Hécate en Colombie-Britannique et le détroit de Lancaster au Nunavut dans l’Arctique canadien, qui a urgemment besoin d’une protection fédérale. Et pendant que ce processus s’enclenche, nous pourrions nous attarder aux autres environnements marins parmi les plus riches au Canada, qui eux ne sont pas encore désignés, en empêchant la pêche commerciale à l’intérieur de leurs limites. À ce propos, le bassin Jordan en Nouvelle-Écosse, riche en coraux, serait un bon point de départ.

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Carte des sites d’AMP existants et proposés. Cliquez pour agrandir.

Plus efficace
Seulement 1,3 % du patrimoine océanique canadien est actuellement protégé, que ce soit par les gouvernements provinciaux, territoriaux, fédéral ou par d’autres groupes. Mais pas tous offrent les niveaux de protection nécessaires pour la conservation des espèces ou des caractéristiques propres à ces zones. En effet, 0,11 % est considéré comme hautement protégé, ce qui signifie qu’aucune activité de pêche commerciale ou liée aux industries minières, gazières ou pétrolières n’est permise. Et pire, très peu de ces zones sont gérées de manière efficace.
Pour le WWF, les aires protégées représentent beaucoup plus que des lignes sur une carte. Le chenal Laurentien, par exemple, est une zone d’intérêt susceptible de se prêter à la création d’une zone de protection marine, mais où l’exploration et l’exploitation gazière et pétrolière sont permises à 100 % à l’intérieur de ses frontières. Les activités gazières et pétrolières représentent des risques incompatibles avec les objectifs des AMP.
Plus rapide
Un des plus gros défis dans l’objectif à atteindre pour 2020 est la rapidité avec laquelle ce processus doit être fait. Pour maintenir « plus efficace » parallèlement à « plus rapide », le WWF suggère l’amendement de la Loi sur les océans afin de pouvoir désigner plusieurs sites à la fois, mais aussi pour inclure des standards de qualité minimums tels que l’exclusion du gaz et du pétrole et l’imposition de limites à la pêche commerciale à grande échelle. Pour accélérer le processus, davantage de ressources sont nécessaires pour la planification, les consultations, la recherche scientifique et la mise sur pied des AMP.
Pêches et Océans Canada mène le processus de planification du réseau des AMP, mais ils ne peuvent y arriver seuls. Ils doivent coordonner ce dossier avec Parcs Canada, Environnement Canada, les gouvernements provinciaux et territoriaux, ainsi que les entreprises, les organisations environnementales et beaucoup d’autres afin que les AMP soient créées. Tout ce monde doit travailler conjointement pour obtenir la meilleure protection possible.
Pour assurer le succès de cette démarche, des actions doivent être entreprises sur les trois littoraux canadiens. Pour l’Arctique en particulier, les changements climatiques causés par l’humain ont des impacts d’un niveau alarmant. Les AMP protégeront quelques-uns des sites les plus intacts et fragiles, qui renferment des espèces et des écosystèmes vulnérables, tout en en permettant l’usage traditionnel par les Inuits.
Bien que pour la plupart d’entre nous les AMP soient difficiles à imaginer concrètement, il faut savoir qu’ils protègent des habitats ainsi qu’une nature incroyablement riche, même s’ils ne sont pas accessibles pour nous. Que ce soit pour l’Atlantique, le Pacifique ou l’Arctique, nous avons besoin de plus d’AMP et nous devons nous assurer qu’elles respectent les plus hauts standards de qualité et enfin, qu’elles soient établies le plus rapidement possible afin que le Canada atteigne son objectif de 10 % pour 2020.