Planète vivante – Océans : Des espèces en déclin de 50 %

Dans l’esprit de la plupart des Canadiens, les océans sont des milieux de vie foisonnants où baleines à bosse, saumons sauvages, requins et épaulards abondent. Que ce soit sur nos côtes nordiques, sur le bord du Pacifique ou à travers l’Atlantique, on croit que les océans canadiens constituent des sources inépuisables de ressources, qui permettent aux habitants de nos communautés côtières de gagner leur vie.
Le rapport Planète vivante – Océans du Fonds mondial pour la nature (WWF), que vous pouvez consulter ici, tire la sonnette d’alarme et révèle à quel point ces richesses naturelles sont à risque, tant au Canada qu’ailleurs dans le monde. Des décennies de surpêche, de destruction des habitats et de changements climatiques ont causé un tort considérable à la biodiversité marine.
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Le rapport indique aussi que, dans la plupart des cas, ces impacts négatifs découlent d’activités humaines que nous avons le pouvoir de contrôler, ou même d’éviter complètement.
Le plus alarmant, c’est que ces graves conséquences sur les écosystèmes marins – si elles ne sont pas maîtrisées – mettront tant la nature que les gens à risque; en effet, c’est l’ensemble de la chaîne alimentaire qui est affaiblie.
En utilisant une méthodologie similaire à celle du rapport Planète vivante 2014, cette nouvelle étude révèle que les océans de la planète ont perdu environ 50 % de leurs populations d’espèces vertébrées – baleines, tortues, requins, etc. – depuis 40 ans. Des espèces de grande valeur commerciale, en particulier les thons, les maquereaux et les bonites, ont subi un déclin encore plus important de 74 % entre 1970 et 2010. Puisque ces espèces constituent des sources de nourriture et d’emplois pour les communautés côtières, de telles pertes ont des conséquences pour chacun et chacune d’entre nous.
Les constats du rapport Planète vivante – Océans sont cohérents avec ceux du rapport sur le maintien de la biodiversité marine de la Société royale du Canada, publié en 2012. Cette étude a révélé que les populations de poissons marins du Canada auraient décliné de 52 % entre 1970 et le milieu des années 1990. Bien que ces populations soient demeurées relativement stables depuis ce temps, elles ne sont toujours pas revenues à des niveaux satisfaisants.
Le meilleur exemple des effets négatifs de la surexploitation des ressources halieutiques sur le bien-être des communautés côtières, c’est l’effondrement des populations de morue du Nord, à Terre-Neuve. Pendant des siècles, on a cru que les stocks de morue dans cette région étaient inépuisables. Mais, lorsqu’ils se sont effondrés à partir de 1992, plus de 40 000 personnes ont perdu leur emploi. De nos jours, les populations de morue – et aussi d’autres espèces – montrent certains signes de rétablissement, mais demeurent bien en deçà de ce qu’elles étaient avant l’effondrement.
Un autre exemple frappant, c’est celui du requin-taupe dans le nord-ouest de l’Atlantique. Cette espèce a décliné par 75 ou même 80 % entre les années 1960 et 2000. Une meilleure gestion des océans a permis à l’espèce de freiner sa chute et de se rétablir un peu, mais, au rythme actuel, elle aura besoin de près d’un siècle pour revenir à un niveau sain.

Requin-taupe (Lamna nasus) en captivité, Nouvelle-Écosse, Canada. © naturepl.com / Doug Perrine / WWF
Requin-taupe (Lamna nasus) en captivité, Nouvelle-Écosse, Canada. © naturepl.com / Doug Perrine / WWF

Le rapport indique également que les changements climatiques aggravent encore davantage une situation déjà précaire dans nos océans. L’excès de dioxyde de carbone issu de la consommation de combustibles fossiles modifie les conditions dans les océans plus rapidement qu’aucun autre phénomène dans l’histoire. La croissance des températures affecte des écosystèmes entiers, alors que les degrés d’acidité plus élevés exercent des pressions considérables sur les espèces marines.
Mais il y a aussi de bonnes nouvelles. Le WWF travaille à développer des solutions qui pourront renverser la vapeur. Ici même au Canada et partout dans le monde, nous appuyons des pratiques de pêche durables et intelligentes, qui permettent de réduire le phénomène des prises accessoires, la surpêche et le gaspillage. De telles mesures pourraient aider les populations de requins-taupes, par exemple, à se rétablir dans l’Atlantique en réduisant le nombre de ces requins qui sont accidentellement capturés ou tués par des pêcheurs.
Nous avons aussi contribué à lancer un nouveau projet d’amélioration des pêcheries, mené par des pêcheurs terre-neuviens représentés par le syndicat FFAW-Unifor. Ce projet constitue une démarche d’une durée de cinq ans ayant pour objectif de ramener les populations de morue du Nord à des niveaux sains et ainsi de rétablir l’emblématique pêche à la morue dans cette région. Quelques indices nous laissent croire que le rétablissement a commencé, et nous voulons continuer afin de démontrer qu’il est possible de rebâtir les pêcheries de morue à Terre-Neuve, au profit des communautés côtières.
Nous devons également collaborer avec la communauté internationale. D’importantes décisions concernant l’avenir et la santé des océans seront prises dans le cadre de la conférence des Nations Unies sur le climat, qui aura lieu à Paris en décembre prochain. Voilà une occasion pour le Canada de démontrer du leadership en prenant des engagements fermes de réduire ses émissions de carbone.
Des océans sains et foisonnants sont nécessaires pour les 7000 communautés côtières du Canada, pour notre qualité de vie, pour notre économie et pour la planète. Nos communautés et notre subsistance dépendent de la vie marine. Et nos vies à nous – l’air que nous respirons, la stabilité de notre climat – en dépendent aussi. Protéger la vie et la santé de nos océans n’est pas seulement une bonne chose à faire. C’est la seule chose à faire.
Vous pouvez consulter l’entièreté du rapport Planète vivante – Océans ici.