30 ans avec les bélugas du Saint-Laurent

par Robert Michaud, président et directeur scientifique du Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins (GREMM).
Au cours des trente derniers étés, j’ai passé des milliers d’heures en mer avec les bélugas du Saint-Laurent. Jamais, comme aujourd’hui, je n’ai trouvé ce travail aussi passionnant! Jamais, comme aujourd’hui, je n’ai été aussi inquiet pour les bélugas du Saint-Laurent.
J’ai commencé à étudier les bélugas à l’invitation de mon collègue et ami Pierre Béland. Au début des années 1980, Pierre avait trouvé une carcasse de béluga échouée sur la plage à Rimouski, au Québec. Avec l’aide de Daniel Martineau, vétérinaire pathologiste, ils ont examiné l’animal pour comprendre pourquoi il se trouvait là. Ce qu’ils ont découvert a changé leur carrière. Cet animal était fortement contaminé. Cette découverte a mené Pierre et Daniel à mettre sur pied un vaste programme de recherche pour étudier les causes et les effets de la contamination des bélugas en 1983. Cette même année, le béluga du Saint-Laurent faisait son apparition sur la liste des espèces menacées du Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC).

Bélugas du Saint-Laurent © GREMM
Bélugas du Saint-Laurent © GREMM

Inspiré par ces découvertes, je me suis donné pour mission d’étudier la distribution et l’habitat du béluga afin que l’on découvre d’où provenaient tous ces contaminants. Pendant que nous établissions des liens entre l’écologie des bélugas et leur santé, je découvrais des animaux fascinants. Je me suis mis à reconnaître individuellement des bélugas par la présence de petites entailles et de cicatrices sur leurs flancs. C’était très encourageant, au cours des ans, de voir l’augmentation de la protection du fleuve Saint-Laurent, de savoir que nos recherches servaient à changer les choses. Alors que nous commencions à percer les secrets de la vie sociale des bélugas, l’urgence nous ramenait à des questions de base. Où sont les bélugas en hiver? Que font-ils? Ces questions restent encore sans réponse, et la situation est de plus en plus préoccupante. Une récente étude a mis en évidence que la population est de nouveau en déclin. Parmi les causes possibles, les changements climatiques qui modifient les conditions environnementales dans l’ensemble de l’habitat du béluga, y compris en hiver. Les données recueillies au cours des trente dernières années nous ont permis d’identifier l’habitat estival du béluga qui doit être protégé. Nous devons maintenant identifier tous les habitats à protéger pour assurer la survie des bélugas du Saint-Laurent.
Notre travail de conservation du béluga dépend de votre soutien. Faites un don maintenant ou commandez une trousse d’adoption symbolique pour nous aider à les protéger.