Non à Northern Gateway

C’est en juin, en fait d’une journée à l’autre, que le gouvernement fédéral rendra sa décision dans le dossier de l’oléoduc Northern Gateway. Il y a de fortes chances qu’il rende sa décision sur la base d’un rapport de la Commission d’examen conjoint (CEC), lequel est criblé d’erreurs. En fait, ledit rapport est si erroné que plus de 300 chercheurs de partout au Canada ont posé le geste audacieux de faire parvenir une analyse critique directement au premier ministre Harper. « Les électeurs canadiens ont pu prendre connaissance d’une lecture de la situation [de la CEC] qui n’est ni équilibrée ni défendable, écrivent les chercheurs. Nous vous exhortons très fortement à rejeter ce rapport. »

American black bear, Great Bear Rainforest, British Columbia, CanadaUn ours noir (Ursus americanus) sautant dans l’eau d’une rivière dans la forêt du Grand Ours, Colombie-Britannique, Canada © Natalie Bowes / WWFCanada

Il s’agit d’un moment critique dans ce processus et pour notre pays. Au cours des quatre dernières années – incluant 77 jours d’audiences de la CEC dans 21 collectivités et 96 jours de témoignages –, des dizaines de milliers de Canadiens ont exprimé de vives préoccupations à l’égard du projet pipelinier Northern Gateway d’Enbridge. Ils l’ont fait à la fois dans le cadre du processus d’examen final et concrètement sur le terrain. En août 2012, le WWF-Canada a présenté un mémoire écrit dans lequel il exposait ses préoccupations(en anglais) à la Commission d’examen conjoint.

Nous avons décrit l’extraordinaire valeur que représente la région du Grand lac de l’Ours – un écosystème interconnecté unique sur la côte nord du Pacifique, où rivière, forêt pluviale et mer se rencontrent. Il est impossible de quantifier les bienfaits culturels et spirituels qu’apporterait la conservation d’un des endroits les plus spectaculaires sur la Terre, un endroit où prospèrent l’ours esprit (une espèce rare) et le loup pêcheur, et où la baleine et le caribou, deux espèces en péril, réussissent à survivre. Cependant, la valeur économique des ressources de cette région est irréfutable : les rivières à saumons sauvages et les mers froides de la région représentent une importante banque de capital naturel qui soutient une économie forte et diversifiée, dont des milliers d’emplois permanents au Canada(en anglais).

Humpback whale, Great Bear Rainforest, British Columbia, CanadaLes nageoires d’un rorqual à bosse (Megaptera novaeangliae) plongeant dans les eaux du Whale Channel, Colombie-Britannique, Canada © Tim Irvin / WWFCanada

En termes simples, le projet d’oléoduc Northern Gateway d’Enbridge expose ces valeurs à de trop grands risques. Ces risques, incluant celui d’un déversement majeur de bitume en eaux côtières turbulentes, surpassent tout bénéfice potentiel du projet. Comme nous l’avons expliqué à la CEC, « l’approche à l’évaluation des risques mise de l’avant par le promoteur [Enbridge] est inadéquate […] les impacts potentiels sont considérablement plus graves que ne le laisse entendre le promoteur. »

Malheureusement, notre prise de position, comme celle de milliers d’autres personnes, n’est pas reflétée dans le rapport final déposé par la Commission d’examen conjoint. Selon plus d’un éminent chercheur canadien, la CEC a aussi fait fi des données scientifiques probantes. Notre gouvernement fédéral a déclaré à répétition qu’il n’autoriserait ce projet que s’il était prouvé qu’il ne présentait aucun danger pour la population ou notre environnement. Ce rapport bâclé ne prouve absolument rien. Et si les décideurs accordent la moindre importance aux opinions de scientifiques et de Canadiens ordinaires de partout au pays, ils se permettront un moment de réflexion sur ce qui est réellement dans l’intérêt supérieur du Canada.

L’oléoduc Northern Gateway ne l’est pas.