Marquage des requins du Groenland, les « Dents de la mer boréale »

Jacqueline Nunes, auteure, Partenariats et développements stratégiques, WWF-Canada

Là-haut, tout là-haut dans l’Arctique, tout près du Pôle Nord, on ne s’attendrait pas à trouver des requins. Pourtant, il y en a, et quand Vicki Sahanatien, qui dirige le bureau du WWF-Canada à Iqaluit, au Nunavut, a vu un requin du Groenland pour la première fois, ce qui l’a le plus étonnée, c’est qu’il avait l’allure d’un… requin! Vicki se rappelle s’être dit à ce moment-là : « Wow! Me voici dans l’Arctique à observer un vrai requin! »

Greenland shark, Northwest Territories, CanadaRequin du Groenland, détroit de Lancaster, Nunavut, Territoires du Nord-Ouest, Canada
© National Geographic Stock / Paul Nicklen / WWF

En août 2013, Vicki s’est rendue à Grise Fjord, la communauté la plus nordique du Canada (dans le Dernier refuge de glace), où elle a participé à un projet de marquage de requins du Groenland en collaboration avec l’Université de Windsor. Le requin du Groenland est l’un des plus grands prédateurs du Grand Nord, l’un des plus énigmatiques aussi. Ces requins pèsent en moyenne 900 kilos et peuvent mesurer jusqu’à sept mètres de long, soit la taille des grands requins blancs. Les scientifiques savent encore bien peu de choses sur ces poissons, cependant.
« On ne sait même pas quel âge ils ont », avoue Nigel Hussey, un chercheur de l’Université de Windsor qui se spécialise dans l’étude des requins du Groenland. D’anciennes recherches tendent à montrer qu’ils pourraient vivre plus de 100 ans. On en a vu aussi loin au sud que dans le golfe du Mexique, ce qui signifie qu’ils sont capables de très longues migrations. Et ils mangent à peu près n’importe quoi. On a trouvé des restes de toutes sortes d’animaux dans leur estomac : anguilles, baleine, oursins, autres requins et même de l’ours polaire et du caribou. Par contre, on ne sait pas où ils se nourrissent ni à quelle fréquence, où ils se reproduisent, ni pourquoi ils migrent. « Dans la chaîne alimentaire, chacun a son rôle, ajoute Nigel, surtout les prédateurs au sommet. »

Greenland shark_Paul-University-of-Windsor-600x400L’équipe de recherche fixe des balises satellites sur les nageoires dorsales de requins du Groenland – balises qui transmettront des données sur les profondeurs et les températures des eaux où nagent les requins.
© Evan Paul/Université de Windsor

Vicki et l’équipe de recherche ont fixé des émetteurs satellitaires aux nageoires dorsales de plusieurs requins du Groenland. Ces appareils enregistreront des données importantes sur l’habitat de ces poissons, comme la profondeur et la température de l’eau où ils nagent, mais les chercheurs devront attendre l’automne prochain pour recueillir ces renseignements. En effet, les émetteurs ne peuvent transmettre de données sous l’eau : au bout d’un an, ils se détachent d’eux-mêmes et remontent à la surface; de là, ils peuvent émettre leur signal et envoyer les données au satellite. Nigel et les membres de l’équipe recevront alors la somme de toute une année d’observation des requins du Groenland par courriel!
Cette recherche bénéficie des fonds de la campagne Habitat arctique du WWF-Canada. Faites un don aujourd’hui même et, d’ici le 15 mars 2014, toutes les sommes versées au Canada et aux États-Unis seront généreusement doublées par Coca-ColaMD jusqu’à concurrence d’un million de dollars US. Ne ratez pas cette occasion de doubler les effets bénéfiques de votre don!