Équipe OPANO 2013 : des écosystèmes pélagiques en meilleure santé dans l’Atlantique Nord-Ouest

Écrit par Daniela Diz, Cadre supérieure en politiques marines
Pour une mordue de politique comme moi, rien n’égale la frénésie de septembre avec la rentrée parlementaire (d’habitude, du moins) et la réunion annuelle des douze pays membres de l’Organisation des pêches de l’Atlantique Nord-Ouest (OPANO) qui se tient généralement vers la fin du mois. J’y arrive portée par une vague bien orchestrée de recommandations politiques soigneusement préparées.
Cette année, outre l’amélioration de la collecte de données sur les prises et de la reddition de comptes – un enjeu majeur auquel l’OPANO doit s’attaquer – mes priorités sont la protection des habitats fragiles tels que les écosystèmes marins vulnérables comme les coraux, les éponges et les monts sous-marins, et la mise en œuvre d’une approche de gestion écosystémique des pêches. Je reviendrai sur cette approche dans un prochain blogue.
La protection des écosystèmes marins vulnérables est un élément essentiel de la gestion océanique. Des colonies d’espèces comme les coraux et les éponges, de même que des particularités géologiques comme les monts sous-marins, constituent des habitats recherchés par de nombreuses espèces de poissons. On sait par exemple que le corail pennatule sert de pouponnière aux sébastes et une étude récente a montré que les récifs de corail lophelia sont des frayères pour certaines espèces de requins.

Éponge© DFO

Ces habitats vulnérables offrent aussi des bienfaits pour la santé des humains. Quelques-uns des plus importants médicaments qui servent à combattre la malaria ainsi que plusieurs cancers, maladies virales et inflammations contiennent des substances pharmaceutiques dérivées des éponges et des coraux. Ces espèces et leurs habitats risquent d’être sérieusement endommagés et même détruits par certaines techniques de pêche comme le chalutage par le fond qui est la méthode la plus répandue dans la zone administrée par l’OPANO.
Heureusement, l’OPANO a adopté d’importantes mesures visant à prévenir les principaux impacts négatifs de la pêche de fond sur ces habitats fragiles depuis l’adoption d’une résolution en ce sens par l’Assemblée générale des Nations Unies en 2006.
Le Fonds mondial pour la nature (WWF) appuie ces résolutions de l’ONU portant sur la viabilité des pêches et demande chaque année à l’OPANO de les appliquer intégralement. L’OPANO a réagi en interdisant l’accès à 18 zones vulnérables afin de protéger des concentrations importantes de coraux et d’éponges ainsi que les monts sous-marins (à quelques exceptions près). L’organisation a également établi des seuils d’accès et des règles d’éloignement en cas de rencontre avec certaines espèces de coraux et d’éponges, en plus d’exiger des évaluations d’impact. Une telle évaluation complète des impacts devrait être menée à terme d’ici 2016.
Cette année, à la lumière de nouvelles preuves scientifiques de la présence de fortes concentrations de coraux pennatules et gorgones dans les Grands Bancs de Terre-Neuve et le Bonnet Flamand, nous exhortons l’OPANO à étendre ses interdictions dans ces zones. Nous demandons aussi que soient mises en œuvre des mesures globales de protection d’une chaîne de monts sous-marins qui servent d’habitat à des colonies endémiques spécialisées et fragiles. Ces habitats très riches en biodiversité (ils abritent plus de 600 espèces) sont essentiels à plusieurs étapes de la vie d’espèces pélagiques.

Sébaste et corauxSébaste près d’une colonie de corail © Don Gordon/WWF-Canada
Les écosystèmes des grands fonds sont parmi les plus vulnérables à l’acidification des océans et aux impacts de la pêche. Les données scientifiques indiquent que les sommets des monts sous-marins servent de refuges aux coraux d’eau froide, car ils peuvent y échapper temporairement à l’acidification : dans ces eaux moins profondes, en effet, l’échéance de saturation de l’aragonite est plus éloignée. Par conséquent, il faudrait alléger les pressions, telles que la pêche de fond et la pollution, qui s’exercent sur ces milieux afin de donner à ces bâtisseurs d’écosystèmes le temps de s’adapter et de survivre dans un environnement plus acide.
Bref, nous espérons que cette année, l’OPANO et ses parties contractantes sauront faire preuve de leadership et continueront d’œuvrer à la protection de ces habitats essentiels à la santé globale et à la résilience de l’Atlantique Nord-Ouest.